Le Thé est-il Histo ??
Le Thé est-il Histo ??
Avant-propos :
Le thé est-il histo ? Si ce titre est bien compris de la plupart des ‘reconstituteurs’, il demande une petite explication pour les autres.
Le thé est-il historique, c’est à dire : est-il possible d’en trouver et d’en consommer de façon historique par rapport aux périodes et aux lieux de nos reconstitutions (pour nous, aux environs de 1360 dans le Khanat de la ‘Horde d’Or’.
Introduction :
Selon une légende chinoise, l'utilisation du thé comme boisson serait apparue vers l'an 2700 av J-C. Des feuilles de thé se seraient détachées d'un arbre pour tomber dans l'eau chaude que l'Empereur Shen Nung avait fait bouillir pour se désaltérer. Ce dernier aurait alors apprécié le breuvage dont la consommation se serait généralisée.
En fait, le thé serait apparu en Chine, sous la dynastie des Han de l'Ouest (-206 av J-C) et des récipients à thé datant de cette époque ont été découverts.
Il est d'emblée apprécié pour ses vertus thérapeutiques. Il soulage les fatigues, fortifie la volonté et ranime la vue.
Si au début, on s'en sert pour parfumer l'eau que l'on fait bouillir avant de la boire pour l'assainir, il devient une boisson quotidienne en Chine sous la dynastie des Han de l'Est et à l'époque des Trois Royaumes .
A cette époque, les feuilles de thé sont broyées et la poudre obtenue compactée sous forme de briques, plus facilement transportables. On mélangeait parfois le thé avec un liquide, comme du sang, pour obtenir des briques plus solides.
Pour préparer le thé, on émiettait les briques, puis on faisait griller la poudre obtenue pour des raisons hygiéniques (les briques étaient souvent infestées de vers et d'insectes) et aussi pour donner au thé un goût plaisant. La poudre était ensuite bouillie avec des miettes de sel, et parfois du gingembre, de l'oignon. On obtenait ainsi une mixture épaisse, à la saveur corsée, servie dans un large bol qui passait de main en main.
Les briques de thé servaient également aux Chinois de monnaie d'échange, à tel point qu'elles faisaient l'objet d'un monopole d'État. Elles leur permettaient notamment de se procurer des chevaux auprès des "peuples nomades" du Nord. C'est ainsi que le thé s'est introduit en Mongolie.
A l’époque de la dynastie Tang (618-906 ap J-C), le thé n’était plus bu exclusivement à des fins médicinales, mais également comme denrée de luxe. Les maisons de thé font leur apparition et pour la première fois le thé est source d'inspiration artistique.
La culture de la plante est également surveillées de près et soumis à des règles strictes.
Sous la dynastie des Song (960-1279 ap J-C) naît une véritable tradition qui transforme le plaisir de boire du thé en une grande cérémonie dont la poésie et l'importance accordée au respect des règles de préparation nous fait déjà penser à la fameuse ‘cérémonie du thé’ au Japon.
Les thés consommés sont de plus en plus raffinés et la céramique prend une place déterminante dans l'univers qui entoure le thé.
Sous les Ming (1368-1644), un décret impérial stoppe la fabrication de thé compressé et le thé commence à être utilisé sous sa forme actuelle.
Ce décret impérial modifie rapidement les habitudes de consommation du
thé. Désormais, les feuilles de thé sont directement infusées dans l'eau chaude.
Le service du thé subit également de profonds bouleversements. Il est désormais conservé dans des boîtes réservées à cet usage et préparé dans un ustensile d'un nouveau genre : une théière. On le sert dans de petites tasses individuelles destinées à en exhaler l'odeur et la
saveur.
Dès le Xème siècle, le thé constituera pour la Chine un produit d'exportation de première importance, mais d’abord vers les pays asiatiques. En effet, il faudra attendre le XVII ème siècle pour qu’il arrive en Europe.
Le thé à la menthe :
Même si cela peut paraître étonnant, la tradition du thé à la menthe devenu un élément central de la vie sociale au Maghreb, est, en fait, historiquement assez récent.
On suppose que cette tradition trouve son origine dans la volonté que vont avoir les Britanniques de trouver, au XIX ème siècle, de nouveaux marchés pour le thé, dont ils avaient développé la culture dans leur empire des Indes. La fermeture des marchés slaves après la Guerre de Crimée va entraîner une grave crise de débouché. Cela les conduit à
chercher de nouveaux marchés pour leur produit, dont, en particulier, le Maghreb. Les habitants du Maghreb vont rapidement s’emparer du thé. Ils vont ajouté aux infusions de la menthe ou de l’absinthe qu'ils buvaient déjà avant. Une nouvelle boisson s’invente : le thé à la menthe.
Le thé chez les Mongols :
Pendant près d'un siècle, les Mongols Yuan ont dirigés la Chine, mais aussi intégré nombre d'habitudes et de modes chinoises et parmi celle-ci : le thé.
Lorsque les Mongols Yuan sont chassés par la futur dynastie Ming, ils ramènent avec eux le goût du thé. Mais pour s’en procurer, les Mongols devaient commercer avec leur ancienne possession.
Au début de l'ère Ming, les Mongols restent une menace militaire constante pour l'empire. L'armée chinoise a besoin de chevaux pour combattre ces peuples nomades.
Cependant, l'élevage des chevaux n'est pas la force des chinois, et ils doivent se fournir à l'extérieur pour obtenir des chevaux aptes à servir dans l'armée.
Ainsi, va se mettre en place dans les provinces nord de la Chine, des places commerciales où le thé chinois était échangé contre des chevaux.
Un monopole d'état va même être mis en place dans ces provinces (tandi qu’il reste libre dans le reste du pays).
Le commerce sera limité à des comptoirs et les quantités prédéterminées.
A L'origine, 3 villes (Hsi-Ning, Ho-Chou, et C'ao-Chou) du Shensi (actuel Kansu) concentraient les échanges. Les quantités de thé échangées étaient limitées à 1,5 millions de livres par an, soit environ 14 000 chevaux.
Les taux d'échange étaient fixés comme suit: 70 Kg de thé pour un cheval de bonne qualité, 40 Kg pour un cheval de qualité moyenne, et 30 Kg pour un cheval de qualité inférieur.
Le thé était acheminé depuis le Szechwan sous escorte militaire jusqu'au Shensi, ce qui avait pour inconvénient des lourdeurs logistiques et monopolisait des soldats pour cette tâche. La culture du thé sera donc introduite vers 1470 directement dans la province ou il était vendu aux marchant mongols.
Ce système rigide allait assez vite provoquer une contrebande très active. Les condamnations pouvaient aller jusqu' à la peine de mort. Pour l'endiguer, l'empereur Ch'eng-Hua (1465-1487) va créer sans succès les Tea Censors. Cette chasse aux trafiquants était telle que l'on relate même en 1421 à Lan-Chou qu'une délégation de l'ambassade de Perse a été fouillée pour s'assurer qu'elle ne transportait pas de thé. La pression combinée des contrebandiers et des peuplades mongoles mettra fin au système au XVIème siècle.
Conclusion :
En conclusion, il me semble très peu probable que les Mongols de la ‘Horde d’Or’ aient consommé du thé et s’en servaient comme boisson chaude.
Nous ne trouvons, également, aucune trace d’un commerce de thé entre la ‘Horde d’Or’ et les marchands européens.
En effet, il faudra attendre 1606 pour que les Hollandais apportent, en Europe, les premières caisses de thé.
La Russie, quant à elle, découvre le thé en 1618 à la suite d'un présent offert au tsar Alexis par l'empereur de Chine.
Avant-propos :
Le thé est-il histo ? Si ce titre est bien compris de la plupart des ‘reconstituteurs’, il demande une petite explication pour les autres.
Le thé est-il historique, c’est à dire : est-il possible d’en trouver et d’en consommer de façon historique par rapport aux périodes et aux lieux de nos reconstitutions (pour nous, aux environs de 1360 dans le Khanat de la ‘Horde d’Or’.
Introduction :
Selon une légende chinoise, l'utilisation du thé comme boisson serait apparue vers l'an 2700 av J-C. Des feuilles de thé se seraient détachées d'un arbre pour tomber dans l'eau chaude que l'Empereur Shen Nung avait fait bouillir pour se désaltérer. Ce dernier aurait alors apprécié le breuvage dont la consommation se serait généralisée.
En fait, le thé serait apparu en Chine, sous la dynastie des Han de l'Ouest (-206 av J-C) et des récipients à thé datant de cette époque ont été découverts.
Il est d'emblée apprécié pour ses vertus thérapeutiques. Il soulage les fatigues, fortifie la volonté et ranime la vue.
Si au début, on s'en sert pour parfumer l'eau que l'on fait bouillir avant de la boire pour l'assainir, il devient une boisson quotidienne en Chine sous la dynastie des Han de l'Est et à l'époque des Trois Royaumes .
A cette époque, les feuilles de thé sont broyées et la poudre obtenue compactée sous forme de briques, plus facilement transportables. On mélangeait parfois le thé avec un liquide, comme du sang, pour obtenir des briques plus solides.
Pour préparer le thé, on émiettait les briques, puis on faisait griller la poudre obtenue pour des raisons hygiéniques (les briques étaient souvent infestées de vers et d'insectes) et aussi pour donner au thé un goût plaisant. La poudre était ensuite bouillie avec des miettes de sel, et parfois du gingembre, de l'oignon. On obtenait ainsi une mixture épaisse, à la saveur corsée, servie dans un large bol qui passait de main en main.
Les briques de thé servaient également aux Chinois de monnaie d'échange, à tel point qu'elles faisaient l'objet d'un monopole d'État. Elles leur permettaient notamment de se procurer des chevaux auprès des "peuples nomades" du Nord. C'est ainsi que le thé s'est introduit en Mongolie.
A l’époque de la dynastie Tang (618-906 ap J-C), le thé n’était plus bu exclusivement à des fins médicinales, mais également comme denrée de luxe. Les maisons de thé font leur apparition et pour la première fois le thé est source d'inspiration artistique.
La culture de la plante est également surveillées de près et soumis à des règles strictes.
Sous la dynastie des Song (960-1279 ap J-C) naît une véritable tradition qui transforme le plaisir de boire du thé en une grande cérémonie dont la poésie et l'importance accordée au respect des règles de préparation nous fait déjà penser à la fameuse ‘cérémonie du thé’ au Japon.
Les thés consommés sont de plus en plus raffinés et la céramique prend une place déterminante dans l'univers qui entoure le thé.
Sous les Ming (1368-1644), un décret impérial stoppe la fabrication de thé compressé et le thé commence à être utilisé sous sa forme actuelle.
Ce décret impérial modifie rapidement les habitudes de consommation du
thé. Désormais, les feuilles de thé sont directement infusées dans l'eau chaude.
Le service du thé subit également de profonds bouleversements. Il est désormais conservé dans des boîtes réservées à cet usage et préparé dans un ustensile d'un nouveau genre : une théière. On le sert dans de petites tasses individuelles destinées à en exhaler l'odeur et la
saveur.
Dès le Xème siècle, le thé constituera pour la Chine un produit d'exportation de première importance, mais d’abord vers les pays asiatiques. En effet, il faudra attendre le XVII ème siècle pour qu’il arrive en Europe.
Le thé à la menthe :
Même si cela peut paraître étonnant, la tradition du thé à la menthe devenu un élément central de la vie sociale au Maghreb, est, en fait, historiquement assez récent.
On suppose que cette tradition trouve son origine dans la volonté que vont avoir les Britanniques de trouver, au XIX ème siècle, de nouveaux marchés pour le thé, dont ils avaient développé la culture dans leur empire des Indes. La fermeture des marchés slaves après la Guerre de Crimée va entraîner une grave crise de débouché. Cela les conduit à
chercher de nouveaux marchés pour leur produit, dont, en particulier, le Maghreb. Les habitants du Maghreb vont rapidement s’emparer du thé. Ils vont ajouté aux infusions de la menthe ou de l’absinthe qu'ils buvaient déjà avant. Une nouvelle boisson s’invente : le thé à la menthe.
Le thé chez les Mongols :
Pendant près d'un siècle, les Mongols Yuan ont dirigés la Chine, mais aussi intégré nombre d'habitudes et de modes chinoises et parmi celle-ci : le thé.
Lorsque les Mongols Yuan sont chassés par la futur dynastie Ming, ils ramènent avec eux le goût du thé. Mais pour s’en procurer, les Mongols devaient commercer avec leur ancienne possession.
Au début de l'ère Ming, les Mongols restent une menace militaire constante pour l'empire. L'armée chinoise a besoin de chevaux pour combattre ces peuples nomades.
Cependant, l'élevage des chevaux n'est pas la force des chinois, et ils doivent se fournir à l'extérieur pour obtenir des chevaux aptes à servir dans l'armée.
Ainsi, va se mettre en place dans les provinces nord de la Chine, des places commerciales où le thé chinois était échangé contre des chevaux.
Un monopole d'état va même être mis en place dans ces provinces (tandi qu’il reste libre dans le reste du pays).
Le commerce sera limité à des comptoirs et les quantités prédéterminées.
A L'origine, 3 villes (Hsi-Ning, Ho-Chou, et C'ao-Chou) du Shensi (actuel Kansu) concentraient les échanges. Les quantités de thé échangées étaient limitées à 1,5 millions de livres par an, soit environ 14 000 chevaux.
Les taux d'échange étaient fixés comme suit: 70 Kg de thé pour un cheval de bonne qualité, 40 Kg pour un cheval de qualité moyenne, et 30 Kg pour un cheval de qualité inférieur.
Le thé était acheminé depuis le Szechwan sous escorte militaire jusqu'au Shensi, ce qui avait pour inconvénient des lourdeurs logistiques et monopolisait des soldats pour cette tâche. La culture du thé sera donc introduite vers 1470 directement dans la province ou il était vendu aux marchant mongols.
Ce système rigide allait assez vite provoquer une contrebande très active. Les condamnations pouvaient aller jusqu' à la peine de mort. Pour l'endiguer, l'empereur Ch'eng-Hua (1465-1487) va créer sans succès les Tea Censors. Cette chasse aux trafiquants était telle que l'on relate même en 1421 à Lan-Chou qu'une délégation de l'ambassade de Perse a été fouillée pour s'assurer qu'elle ne transportait pas de thé. La pression combinée des contrebandiers et des peuplades mongoles mettra fin au système au XVIème siècle.
Conclusion :
En conclusion, il me semble très peu probable que les Mongols de la ‘Horde d’Or’ aient consommé du thé et s’en servaient comme boisson chaude.
Nous ne trouvons, également, aucune trace d’un commerce de thé entre la ‘Horde d’Or’ et les marchands européens.
En effet, il faudra attendre 1606 pour que les Hollandais apportent, en Europe, les premières caisses de thé.
La Russie, quant à elle, découvre le thé en 1618 à la suite d'un présent offert au tsar Alexis par l'empereur de Chine.
Dernière édition par Saboudaï le 29 Nov 2007, 00:16, édité 1 fois au total.