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Les Mamelouks
Les Mamlouks ne forment pas vraiment un "peuple" mais sont plutôt une caste guerrière.
Les premiers mamelouks forment, au IXème siècle, la garde des Califes abbassides à Bagdad.
Ils recrutés parmi les captifs non musulmans en provenance du Turkestan actuel, du Caucase (Circassiens, Géorgiens, etc.), d'Europe orientale (Slaves orientaux) ou de Russie méridionale, c'est à dire : les plaines du Kiptchaq. De nombreux enfants kiptchacq iront servir dans les rangs de cette caste. C'est ce qui les relient à ce site.
Certains mamelouks parviendrons à des positions importantes de commandement.
Ils entreront ensuite au service de la Dynastie ayyoubide.
ce qu'en dit Laurent Quisefit :
L'auteur : Laurent Quisefit est ancien élève des Langues Orientales, diplômé de coréen et de mongol, et titulaire d'un DEA d'Etudes de l'Extrême-Orient (Paris VII). Il prépare une thèse sur l'histoire de la Corée et collabore avec différents magazines et organismes.
Introduction
Le terme de mamelouk, qui designe étymologiquement la « chose possédée » en arabe, se refère a une categorie particulière de soldats esclaves, dans la lignée des Ghulans. Ces prisonniers de guerre ou ces esclaves étaient achetés par les musulmans pour être ensuite éduqués et éxercés afin de servir principalement dans l'armée.
On les retrouve souvent sous le nom de mawali, les convertis.
Déjà sous les premiers Abassides, l'armée musulmane n'était guère solide. On fit donc appel en nombre croissant à ces « mercenaires » . Les esclaves türks, relativement rares, étaient réputés tant pour leur combativité que pour leur beauté, et la demande étant importante leur prix atteignaient souvent des sommes astronomiques.
Si le futur sultan Baïbars fut acheté 40 dinars à peine, un autre sultan, Qalaoun, fut payé 1 000 dinars.Certains émirs ou sultans acceptaient de payer jsuqu'a 4 000 voire 5 000 dinars pour un seul mamelouk, mais la moyenne raisonnable se situait aux environs de 50 dinars.
L'Origine des Mamelouk
Au XIIIème Siècle, le sultan ayyoubide Al Malik al Salih (règne 1240-49), qui ne fait guere confiance en ses vassaux kurdes (la dynastie ayyoubide, fondée par Saladin est d'origine kurde) et arabes (notament syriens) a recours aux mamelouks, qu'il achète massivement.
En 1249, à sa mort, Touran chah lui succede mais il est rapidement assassiné. Un enfant de six ans est mis sur le trône, et c'est un mamelouk, Aybak, qui est nommé régent. Il profite de sa position pour déposer le jeune fils de son ancien maître et s'emparer du pouvoir. Mais ses compagnons ne reconnaissent pas son autorité et s'enfuient en Syrie.
En 1257 Aybak est assassiné dans son bain. C'est au tour de son fils de monter sur le trône, pour l'un de ces règnes de transition éphémeres dont l'histoire mamelouke abonde.Apres la déposition du fils d'Aybak,le nouveau sultan est Qutuzz (regne: 1250-60).
L'Empire Mamelouk (1250-1517) vient de naître.
En 1259, une grande armée mongole, aux ordres d'Hulagu Khan (mort:1264), entre en Syrie et s'empare d'Alep, de Homs, puis de Damas. L'armée Mamelouke réagit contre les envahisseurs. Les forces de Qutuzz parviennent à vaincre les mongols.
Mais Baïbars, officier qui a joué un grand rôle dans la bataille, brigue le pouvoir. Il ne tarde pas à assassiner le Sultan pour mieux ceindre la couronne...
Le parcours de Baïbars est exemplaire. Probablement né vers 1223 dans les steppes du nord dela mer noire, Baïbars a sans doute fui devant les mongols.Passé entre les mains d'un marchand d'esclaves, il est passé par un émir du roi El Salih.
De haute taille, les yeux bleux mais la peau mate, d'une grande endurance physique et d'une intelligence remarquable, il passe brillamment les différentes étapes de la formation de jeune Mamelouk, et devînt officier.Sa compétence attire l'attention du Sultan, qui lui donne de nouvelles responsabilités.
Le hasard des opérations militaires lui permet de prouver sa vaillance lors de plusieurs batailles, notamment à La Forbie, en 1244, ou les « égyptiens » écrasent les francs, et à Mansourah, en 1249, ou Baïbars repousse Saint Louis.
En 1260, à Ayn Jalût, il figure parmi les plus prestigieux officiers. Méfiant, doué pur les intrigues, il n'hésite pas, apres la victoire contre les mongols, à assassiner le Sultan Qutuzz pour s'emparer du pouvoir. Il fait aussi assassiner le Sultan précédent, Touran Chah, débauché notoire qui s'était attiré les foudres de bien des émirs. L'histoire de l'empire Mamelouk regorge de parcours comparables,où touqs les coups sont permis pour conquérir ou s'assurer le pouvoir. L'état Mamelouk n'en est que plus instable.
Organisation militaires
L'armée Mamelouke se décompose en trois corps principaux, tous constitués de cavalerie.
On trouve tout d'abord les Mamelouks Royaux, ou Mamelouks du sultan, puis les Mamelouks des émirs, et enfin la Halqa.
Les Mamelouks royaux, corps d'élite, ne comptent à l'origine que 2000 hommes une quarantaine d'officiers, mais s'élevent à pres de 10 000 vers la fin du XIII° siecle. Presque tous les officiers de haut rang en sont issus.Elite parmi l'élite, les mamelouks royaux disposent des meilleurs chevaux, et des équipement les plus complets et les plus chamarrés.
Cependant, lorsqu'un nouveau souverain accede au pouvoir, les Mamelouks du sultan précédents perdent leur prestige et leurs privilèges. Ils passent alors au service des émirs.Certains sont néanmoins concervés, en raison de leur expérience ou bien de leurs
capacités. Ces Mamelouks, nommé Sayfiya, sont ainsi isolés de leur groupe de compagnons, ce qui limite les complots. Mais ces hommes d'expérience perdent ainsi également en prestige.
Parmi les Mamelouks royaux, on trouve également la garde, ou Khassakiyah, forte de 400 à 1200 hommes. Ces hommes jouent le rôle de garde du corps du sultan, mais il s'agit surtout d'une garde d'honneur qui surveille les palais. Cette unité a un grand rôle politique, car certains administrateurs et les ambassadeurs en sont issus. Les autresMamelouks sont répartis entre les différents émirs de l'armée, qui possedent des fiefs plus étendus , mais doivent en retour entretenir plus d'hommes.
Enfin, la Halqa est un corps de cavalerie regroupant Arabes, Egyptiens de souche et parfois fils de Mamelouks. Les enfants des Mamelouks, qui n'ont connu ni la vie de steppe, ni la servitude, ne peuvent en effet devenir Mamelouks, et bon nombre se tournent vers les lettres, la théologie, etc...Ceux qui le désirent peuvent intégrer la Halqa, mais c'est un corps moins prestigieux que celui des Mamelouks. Elle disparaît rapidement d'Egypte en tant que force militaire efficace. Seule la Halqa Syrienne, perdure au dela du XIII° siecle comme une force militaire efficace.
Les officiers de la Halqa ne dépassent pas en général le grade d'émir de 10 ou de 40. Les principautés Syriennes concervent un temps une certaine autonomie en même temps que leurs propres armées: Homs jusqu'en 1263, Karak jusqu'en 1286, et Hama concerve une semi indépendance jusqu'en 1341.
Le terme d'émir (amir en arabe) est souvent traduit par le mot « prince », mais le terme de « commandant » conviendrait mieux. Les grades se répartiessent comme suit: emir de 100, qui commande en réalité un millier d'hommes; Emir de 40, qui en commande une centaine;
et enfin emir de 10, qui conduit une dizaine de soldats (on remarque le même sustème chez les Mongols de Gengis Khan).
Ces officiers sont choisis en fonction de leurs compétences militaires et administratives, de leur expérience et de leur loyauté envers le Sultan règnant. Certains Emirs connus pour leur loyauté et appartenant en général à la même « promotion » que le sultan, éxercent des fonctions parmi les Mamelouks Royaux. Au sein des plus hauts dignitaires,désignés
généralement parmi les hommes d'expérience les plus loyaux, on trouve notamment le commandant en chef ou lieutenant général (atabek el askari) et un commandant d'armes, chargé d'administrer l'arsenal royal.
Les spécialistes s'accordent à dire qu'il est difficile d'établir avec certitude la taille de l'armée Mamelouke. En effet, ses effectifs ont considérablement varié selon les époques, les tensions aux frontieres, ou encore les épidémies. La grande peste de 1348 a totalement décimé l'Egypte et l'armée s'est considérablement affaiblie.
On parle habituellement d'une armée standars de 16 000 « chevaliers » pour les Mamelouks et 24 000 cavaliers pour la Halqa. Au temps de Baïbars, la proportion de Mamelouks était plus faible: 4 000 Mamelouks sur un total de 40 000 hommes. Vingt ans plus tard, le sultan Qalaoun (règn: 1280-90) pouvait aligner plus de 6000 à 7000 Mamelouks.
Devant Acres, en 1291, le sultan Khalil ( 1290-4) avait, dit on, rassemblé une armée de 70 000 cavaliesr professionnels et une infanterie de 150 000 volontaires mal entrainés ( ce chiffre paraît tres exagéré). Il faut malgré tout se garder d'accorder une trop grande valeur aux chiffres donnés par les chroniqueurs. En effet, le chiffre 40, tout comme le chiffre 7, sous des formes différentes, sont tres présents dans la littérature et les chroniques arabes. On ne peut en déterminer avec précision la taille des armées.
40 000 hommes paraît un chiffre raisonnable, qui pouvait être grossi par des contingents alliés, les cavaliers bédouins et turcomans, ainsi que les troupes des principautés Syriennes.
On sait aussi qu'en 1313, 22 émirs de 100 partirent en campagne, ce qui représente un effectif de l'ordre de 22 000 hommes.
Apres 1261, des Turco-Mongols, transfuges ou réfugiés, sont versés dans les unités Mameloukes. On préfere répartir ces waffidiyah en petit nombre dans différentes unités plutôt que de risquer le soulevement ou la défection d'une unité constituée.
L'affinité culturelle et linguistique existant entre mongol et turcs favorise la bonne entente entre les combattants.
Sous le règne du sultan Baïbars, 3 000 Mongols sont ainsi intégrés
parmi les Mamelouks, bien qu'ils ne semblent pas avoir connu l'esclavage. Un sultant d'origine Mongole, Al'Adil Kitbugha, fut même proclamé en 1294.
L'infanterie existe, mais reste embryonnaire en temps que corps professionnel. On a souvent recours à des volontaires inexpérimentés lors de grosses expéditions contre les états latins, et notamment pour les sieges. Les jeunes Mamelouks commandent parfois les fantassins, ces derniers servant aussi comme serviteurs, palfreniers, etc...
L'entraînement.
Les mamelouks sont soumis à un rude entrainement quotidien, appelé furusayah, c'est-à-dire « la chevauchée », ce qui confirme le rôle prépondérant accordé au combat à cheval.
L'entraînement au combat consiste au maniement des différentes armes (épée, masse, javelot, arbalète), mais repose principalement sur l'archerie et la charge à la lance.
En fait, les différentes branches de la furusayah reflètent l'origine des mamelouks : la steppe. On y retrouve les trois sports privilégiés des Mongols, à savoir la lutte, la course de chevaux et le tir à l'arc.
Mais la furusayah, beaucoup plus complète, décompose ces disciplines de
base en plusieurs spécialités et leur en adjoint quelques autres.
L'archerie se décompose ainsi en tirs « au mât », tir normal, tir sur cible depuis un cheval lancé au galop, etc...Il semble que l'un des exercices de tir ait consistéà tirer sur une cible, depuis la selle de son cheval, en maintenant son épée en équilibre sur l'épaule du bout des doigts, ce qui n'allait sans doute pas sans mal! Plus communément, on attend du jeune
mamelouk qu'il soit capabled'atteindre des cibles telles qu'une gourde suspendue à un mât, ou bien de tirer une flèche dans un cercle de 96 centimètres, éloigné de l'archer de quelques 70 mètres.
On met aussi l'accent sur la cadence de tir, et il faut tenter de décocher, sans viser toutefois, trois flèches en 1 seconde et demi!! Les arcs des Mamelouks, qui reprennent les caractéristiques des arcs Turco-Mongols, sont toutefois plus performants que ceux des Mongols.
En effet, le Mamelouk appartenant à l'élite, confit à des artisants qualifiés la fabrication de ces armes, ce qui n'est pas toujours le cas du Mongol, qui fabrique souvent son arc lui-même.
Il faut pourtant nuancer : les Mongols, ou tout du moins les unités de la garde, disposent d'arcs chinois ou turcs provenants des meilleurs ateliers. Durant la bataille, seule la qualité de l'entraînement reçu et la discipline acquise peuvent donc faire la différence.
Si l'escrime n'est pas oubliée, on s'entraîne également à la masse d'arme, et sans doute aussi à la hache. Mais la lance jouit d'une prestige particulier, comme en témoigne la discipline du la' b al rumh. L'exercice consiste à charger un petit cylindre posé horizontalement sur une hampe, à hauteur d'homme ou de cavalier, avec la lance maintenue à deux mains. Il faut faire pénétrer la lance dans la cylindre, la retirer vivement
et se chercher une autre cible, tout cela de préférence au grand galop.
La charge Mamelouke à la lance n'a donc pas grand chose à envier à celle des francs.
L'entraînement des hommes et des chevaux passe par des domaines moins stricts, comme la chasse, passe-temps guerrier, et le polo, sport équestre populaire à travers toute l'Eurasie centrale et jsqu'en Chine! Les entraînements militaires et le polo ont lieu sur de grands «hippodromes » aménagés à cet effet.
Baïbars est d'ailleurs connu pour avoir procédé, sous le couvert de parties de chasse, à des concetrations de troupes et à des opérations militaires. Celles-ci pouvaient se révéler dangereuses pour les sultans dont la vie était menacée en permanence.
L'équipement
Au combat, les Mamelouks utilisent principalement l'art du tir à l'arc et celui du maniement de la lance. Outre l'arc traditionnel, il faut noter la présence des arbalètes, en petit nombre certes, mais quise développe graduellement après le XIII° siècle.
Ils manient la lance, l'épée, le javelot, la masse d'arme, comme en témoignent les différents exercices de la furusayah.
Contrairement à une image répandue, les épées orientales ne sont pas toutes des sabres courbes et la majorité des Mamelouks sont équipés d'épées droites.
Cavalerie lourde, les mamelouks portent des armures. Après avoir reçu son premier équipement, le Mamelouk à la charge de l'entretien et du remplacement des armes et des pièces qui peuvent manquer. Il existe plusieurs modèles d'armure différents, principalement composés de mailles, mais aussi des armures lamellaires.
Très influencés par les habitudes arabes, les Mamelouks affectionnent les coiffes de mailles et les casques coniques.
Les tactiques
Défiant leur origine, les Mamelouk n'usent plus uniquement des techniques de harcèlement propre aux combattants de la steppe. En effet, ni l'Egypte ni la Syrie ne disposent des paturâges nécessaires pour élever de grands troupeaux de chevaux.
Ces derniers occupent des écuries aménagées, avec des palefreniers qui veillent à leur confort. La remonte étant difficile faute de monture, les Mamelouks ne peuvent se lancer dans de grands mouvements d'enveloppement, ni combattre à distance en rompant rapidement le combat.
Ils privilégient donc les techniques de choc, notamment les charges à la lance tenue à deux mains.
Ils sont aussi entraînés à subir les tirs à longue distance de l'ennemi avant de les soumettre à une pluie de flèches et de contre charger.
Un tel « feu » roulant peut à l évidence faire des ravages parmis les rangsd des assaillants, d'autant que les Mamelouks sont entraînés à tirer depuis leur cheval à l'arrêt, ce qui facilite grandement la visée, l'ennemi, en pleine charge, ne pouvant guerre ajuster la sienne.
En ordre de bataille, les Mamelouks se rangent géneralement au centre, avec les bédouins et les turcomans sur une aile et la halqa sur l'autre. En général, les meilleures unités de cavalerie prennent place sur l'aile droite.
Les Mamelouks recourrent aussi parfois à la stratégie de la terre brulée, notamment dans les plaines herbeuses des rives de l'Euphrate, de manière à supprimer les pâturages des cheveaux mongols, qui n'étaient pas nourris au fourrage.
A l'origine, le sultan ou le général en chef combat à la tête de ses troupes et se porte au coeur de la mélée. Mais les risques encourrus, de même que la difficulté de coordonner les opérations, font que le commandant de l'armée reste en arrière, de préférencesur une éminence, pour obséerver le déroulement de la bataille.
L'attrition est forte, principalement lors des sièges; on a compter une proportion de 13 officiers tués pour 83 hommes lors du siège d'Acre en 1291, ce qui est très élevé.
Les sièges sont souvent meurtriers pour les assaillants. Notons encore que les Mamelouks, en tant que combattants de la Foi, mènent alors une guerre sainte de reconquête contre les chrétiens. Le code de conduite des Mamelouks, allié à l'exaltation religieuse ont pu conduire de jeunes officiers à s'exposer plus que de raison.