Message 28 Juin 2014, 15:44

La Bataille de Beroia, 1122

La Bataille de Beroia, 1122

Avant-propos :

La bataille de Béroia (aujourd'hui Stara Zagora en Bulgarie) est une bataille qui voit s'affronter l'empereur byzantin Jean II Comnène aux Petchénègues.

Cette bataille marque la disparition du peuple petchénègue en tant que force indépendante.


Contexte général :

En 1091, les Petchénègues avaient déjà envahi l'Empire byzantin mais avaient été écrasés par Alexis Ier Comnène et de ses alliés Kiptchaqs (Coumans) lors de la bataille de Lebounion.

Cette défaite avait entraîné la quasi-disparition du peuple petchénègues ayant pris part à l'expédition. Néanmoins, certains groupes petchénègues n'ayant pas participé et cantonné dans les « plaines russes » continuent d'être indépendants..

Malgré quelques affrontement en 1094 avec les Kiptchaqs, les Petchénègues survivants sont encore assez puissants pour lancer une campagne contre Byzance

En 1122, ils envahissent l'Empire byzantin en traversant le Danube qui marque la frontière avec l'empire.

Il est possible que ce soit une conséquence de leur expulsion par Vladimir II Monomaque, le Grand prince de Kiev.

L'invasion est une sérieuse menace envers le contrôle byzantin sur le nord des Balkans et l'empereur Jean II Comnène est les à repousser.

Il fait rappeler son armée qui se trouve en Asie Mineure où il combat les Tüks Seldjoukides et rassemble ses forces près de Constantinople

Ensuite, il se dirige vers l'Europe à la rencontre des envahisseur petchénègues.

Dans le même temps, les Petchénègues ont traversé les montagnes du Grand Balkan et campent près de la cité de Béroia en Thrace.

L'empereur offre d'abord des cadeaux aux chefs petchénègues ainsi que l'assurance d'un traité qui soit favorable à leurs intérêts. Les Petchénègues accepte et tombent dans un piège.

En effet, les Byzantins lancent soudainement une attaque majeure contre leur campement fortifié, un "Rond de Chariot" typique d'une armée petchénègue en campagne militaire.

La bataille :

Malgré l'attaque surprise, les Petchénègues répliquent en lançant des vagues d'archers à cheval tirant continuellement.

Ils s'appuient sur leur « Rond de chariot » comme point de ralliement, dépôt de flèches et ultime position défensive.

La bataille est rude et Jean II Comnène est blessé à la jambe par une flèche.

Toutefois, les Byzantins parviennent à contraindre les Petchénègues au repli et les encerclent dans leur « Rond de chariot ».

Cette position défensive quoique statique s'avère efficace.

L’ouvrage du chroniqueur Nikita Choniates relate avec richesse de détails cette parie de la bataille :

«…durant cette guerre, les Scythes (traduisez par : Petchénègues) auxquels le besoin avait fourni les choses nécessaires ont inventé la chose suivante : ils ramassent tous les chariots et les disposent en cercle et bon nombre d’entre eux montent dans les voitures en les employant comme s’il s’agissait de remparts ; ensuite ils ont frayé beaucoup de chemins obliques parmi ces chariots. Et lorsqu’ils étaient contraints par les Romains( traduisez par : Byzantin) à fuir, ils tournaient le dos et couraient dans cette enceinte de chariots qui formait un mur inébranlable, en préparant ainsi de la meilleure façon leur retraite. Une fois reposés ils sortaient de leur enceinte comme sur des portes ouvertes et réalisaient de vaillants exploits. Ainsi, les Scythes ont improvisé au beau milieu de la plaine un véritable combat des remparts qui a failli faire souffrir les Romains ».

Jean II Comnène décide de faire intervenir la garde varangienne, infanterie lourde d'élite de l'armée byzantine (forte d'à peu près 500 hommes), afin de percer les défenses adverse.

Les Varègues, armés de leurs haches danoises caractéristiques, taillent leur voie à travers le cercle de véhicules petchénègues.
La position petchénègue s’effondre et ceux-ci partent en déroute.

La victoire byzantine est complète et les survivants petchénègues sont exécutés ou faits prisonniers et enrôlés dans l'armée byzantine.

Après la bataille :

Cette victoire byzantine définitive élimine les Petchénègues en tant que force indépendante et en tant que Peuple.

Pendant un certain temps, des communautés petchénègues persistent en Hongrie mais finalement, disparaissent et sont assimilés par les peuples voisins comme les Bulgares ou les Magyars et peut-être même aussi par les Kiptchaqs, certes anciens ennemis mais dont ils partagent la culture nomade et cavalière.

Pour les Byzantins, la victoire n'entraîne pas immédiatement la paix car les Hongrois attaquent Branitshevo en 1128, un avant-poste byzantin sur le Danube. Cependant, la victoire sur les Petchénègues puis plus tard sur les Hongrois, leur assure le maintien du contrôle sur la majorité de la péninsule balkanique. Cela permet en retour à Jean II Comnène de se concentrer sur l'extension du pouvoir et de l'influence byzantine en Asie Mineure et en Terre sainte.
Che Khan, votre humble serviteur
Image