Le Cheval à l’attache
Les « Peuples cavaliers » pratiquent tous un élevage extensif où les troupeaux de chevaux paissent en liberté.
Dans l'espace ouvert de la steppe, où les enclos sont rares, voir inexistant lors d'un campement provisoire de deux ou trois jours, il existe deux moyens pour contrôler la mobilité des chevaux afin de disposer de montures en permanence : l’attache et l’entrave.
L’entrave limite le déplacement de l’animal sans l'interdire et n’empêche celui-ci de se nourrir
L’attache à un poteau, si la corde est suffisamment courte, interdit à la fois tout déplacement et toute alimentation.
Les Mongols pouvaient laisser leurs chevaux à l'attache pendant plusieurs heures, voir même un jour entier.
Cette pratique d'attache, qui prive le cheval de nourriture, a plusieurs raisons bien pragmatiques :
- C'est première étape du dressage :
En effet, les poulains prennent connaissance très tôt de cette pratique puisqu’ils sont attachés dès leurs premiers mois pour permettre la traite et la fabrication de l'aïrag.
Ils sont attachés pendant la journée à une corde, qui vu leur taille est fixée à ras de terre entre deux petits piquets et détachés la nuit pour pouvoir téter.

Source photo : Samuel Dudin (1889) - Edition Time-Live/les Origines de l'Homme/Les Premiers Cavaliers.
Détail le la corde d'attache :

Source photo : Samuel Dudin (1889) - Edition Time-Live/les Origines de l'Homme/Les Premiers Cavaliers.
Cette « attache » se nomme žele en kirghize ; želì en kazakh ; sèlè en iakoute ; et zèl en mongol.
- Utilisé pour de « débourage » :
Le cheval est attaché à un poteau solide et y demeure plusieurs jours en attendant d’être débourré. Après chaque étape du dressage, il est de nouveau attaché afin de se calmer et de se « refroidir » avant d’entamer l’étape suivante.
- Préparation physique pour de long trajet :
Des sources anciennes, chinoises et mongoles, datant du XIIIème décrivent le rôle primordial de l’attache dans la préparation physique des chevaux de selle et ses variations saisonnières selon la méthode mongole.
Cette préparation était utile pour la guerre, pour les grandes chasses mais aussi pour les épreuves de course (la seule qui reste pratiquée à nos jours).
Il faut savoir que, chez nous (en Occident) plus un cheval travaille, plus il est nourri et que s’il reste au box, sa ration sera diminuée.
Chez les « Peuples cavaliers » cet équilibre se fait sur un laps de temps plus long : non plus quotidiennement mais annuellement.
L’année se divise en périodes d’engraissement, où le cheval fait peu d’exercice et est nourri abondamment, et en périodes d’amaigrissement, où le cheval, tout en travaillant davantage, est moins nourri.
Cette pratique trouve des échos dans l'organisation des campagnes militaires mongoles qui s'organisaient, en général, après la période d'engraissement.
- Pour la santé du cheval :
Les auteurs de l’Antiquité affirmaient déjà la nécessité d’observer , après le travail, un temps de repos sans faire manger ni boire les bêtes.
La durée de l’attache varie selon plusieurs critères
l’état du cheval (maigre ou gras)
la nature de la nourriture
le travail fourni, la longueur du trajet
l’allure à laquelle il a été
Le temps qu'il fait (frois ou chaud)
De toute façon, un cheval ne doit jamais être détaché avant d’être totalement sec et froid.
Il est parfois nécessaire de le couvrir de couverture.
La diète qui découle de la pratique de l'attache a aussi une raison médicale.
En effet, un cheval « trop gras » fournissant un effort violent pourrait « rompre » sa graisse et en mourir.
Les Yakoutes racontent qu’en automne, il est fréquent que quelques juments trop grasses périssent quand le troupeau s’effraie de quelque chose et part au galop parce que « leurs entrailles chargées de graisse se déchirent »