Message 15 Jan 2010, 18:25

La Bataille de Grunwald, 15 juillet 1410

La Bataille de Grunwald , 15 juillet 1410

Avant-propos :

La bataille de Grunwald est l'appellation polonaise. Elle est appelée par les Lituaniens, la bataille de Zalgir et par les Allemands, la bataille de Tannenberg (de nos jours Stebark en Pologne)

Bien que cette bataille soit en marge du sujet de ce site, j’ai eu envie de vous en parler car quelques troupes mongoles y participèrent.

Il s’agissait d’environ 1000 à 1500 archers à cheval commandé par Jalal al-Din, un des fils de Toqtamich.

Contexte Général :

L’Ordre des Chevaliers Teutoniques et la Pologne avaient signé une paix perpétuelle en 1404.

En 1409, la région de la Samogitie (nord-est de la Lituanie), encore païenne, prend les armes contre l'Ordre Teutonique. La Pologne, alliée à la Lituanie, appuie la révolte.

Le Grand-Maître de l'Ordre, Ulrich von Jungingen , déclare la guerre à la Pologne.

L’année 1409 se passe en recherche d’alliés, la mobilisation commençant en mai.

Le 2 juillet, l’armée polonaise, le roi Ladislas II Jagellon à leur tête fait sa jonction avec l’armée lituanienne de Vytautas, le Grand Duc de Lituanie.

Après quelques raids de diversion, elles pénètrent en territoire teutonique le 9 juillet, en direction de la capitale Malbork.

L’armée de l’Ordre Teutonique les attend sur la rivière Drewencz, dont elle a fortifié les gués, pour éviter un franchissement sous les tirs de l’ennemi.

Vytautas et son cousin, le roi Jagellon, qui a le commandement opérationnel de l’armée, remonte le cours de la rivière. Ulrich von Jungingen abandonne alors sa position pour les poursuivre. Il réussit à les rejoindre et à leur barrer la route le 15 juillet, près du village de Tannenberg.

Forces en présence :

Armée de l’Ordre Teutonique :

- 21.000 excellents cavaliers lourds,
- 6000 piétons d’infanterie massivement armés.
- 5000 piétons d’infanterie armé plus légèrement , certains sont des arquebusiers (mais formés au combat
et mieux armés que la plupart des fantassins lituanien et polonais).
- Une artillerie de 100 canons capables de lancer des boulets plus gros qu'une tête.
- Les milices urbaines sont également convoquées.
- Des mercenaires tchèques, allemands et même des pirates de la Baltique sont engagés.

Se joignent également à l’Ordre des chevaliers venant d’un peu partout de l'Europe occidentale.

On y trouve des Anglais, des Français, des Hongrois, des Autrichiens, des Bavarois, des Thuringiens, des Bohémiens, des Luxembourgeois, des Flamands et même des Polonais passé au service les Chevaliers Teutoniques.
Ils sont venu pour aider leurs frères contre les Lituaniens présenté comme des “païens”.

On peut citer, par exemple, la présence de 120 Chevaliers de France (dont le futur maréchal de France Jean II Le Meingre, surnommé Boucicaut).

L'Ordre Teutonique aligne, en tout, environ 27 000 hommes.


Armée Lituano-Polonaise :

- 18.000 chevaliers polonais accompagné de 11.000 serviteurs.
- 4.000 fantassins polonais
- 11.000 chevaliers et fantassins lituanien.
- 1.100 Tatares (archers à cheval), commandé par Jalal al-Din ( un des fils de Toqtamich)
- 6.000 Bohémiens.
- 3.000 mercenaires tchèques et moldaves, commandés par Jan Sokol de Lamber.
- Une artillerie de 16 canons.

On trouve aussi des Russes, des Moraves et des Moldaves. Ils sont un petit nombre mais un précieux renfort de cavalerie lourde.

Par contre, de nombreux fantassins lituanien et polonais sont armés de gourdins et l’ensemble de leur matériel est, de loin, inférieur à celui de l’Ordre.

Les Lituano-Polonais alignent environ 39.000 hommes.

Le front est estimé a plus de 3 kilomètres de largeur.

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La Bataille :

En infériorité numérique, l’Ordre Teutonique dispose ses chevaliers sur une ligne, avec une réserve de cavalerie, l’infanterie et l’artillerie au centre.

En face :

- la cavalerie polonaise occupe l’aile gauche (au sud)
- la cavalerie lituanienne occupe l’aile droite, avec les Tatars à l’extrême-droite (au nord).
- La cavalerie russe occupe le centre (mais pas en totalité).
- Des contingents de cavalerie et d’infanterie polonaise, de la cavalerie lituanienne et les mercenaires
bohémiens forment les réserves.

À 6 heures du matin le soleil se leva. Trois chevaliers polonais se dirigent vers le roi Jagellon et demande la permission d’attaquer les teutoniques.

Le roi refuse et révèle sa stratégie :

Il désire rester à l’ombre des arbres le plus longtemps possible et attendre que les teutoniques soient épuisés par la chaleur et le manque d'eau. Alors seulement, engager dans la bataille.

À 8h30, alors que les Teutonique commence à dégouliner de sueur, le Grand Maître von Jungingen envoi deux de ses plus beaux chevaliers vers l’armée Lituano-Polonaise.

Quand les deux chevaliers sont à environ vingt mètres des Polonais, l'un d'eux s'écrie d'une voix forte:

- "Lituanien et polonais, Roi Jagellon et Grand Duc Vytautas si vous avez peur de sortir et de combattre, notre Grand Maître vous envoie ces armes supplémentaires".

Et avec mépris, ils jettent leurs épées, pointes vers le bas, dans la terre.

"Aussi, ô lâches, si vous sentez que vous avez besoin de plus d'espace pour vos manœuvres, le Grand Maître dit qu'il va maintenant se retirer nos troupes un mile pour vous aider."

Et tout à coup, à partir d'un signal par l'un des chevaliers, les Teutoniques font demi-tour et reculent d'un bon kilomètre.

Ainsi la bataille commence.

Contre toute attente, la cavalerie légère lituanienne accompagné par les Tatars de Jalal al-Din charge contre les positions d'artillerie de l'ordre Teutonique .

Le Grand Maître Ulrich von Jungingen réagi en ordonnant que sa grosse cavalerie interviennent pour repousser les attaquants.
Mais, la manœuvre se fait dans la précipitation et l’infanterie teutonique coincée entre les cavaliers lituaniens et leur propre chevaliers n’a pas le temps de se dégager. Ne voulant pas perdre de temps, les chevaliers teutoniques bouscule et piétinent leur propre troupe créant un sentiment de confusion dans toute la ligne de bataille.

Les cavaliers tatars entraînent, alors, les Chevaliers teutoniques loin du champ de bataille et sur un terrain très défavorable sans essuyer de grosses pertes (on peut supposer que les Tatars utilisent ici encore une fois la fameuse tactique de la fausse fuite).

Pendant ce temps, l’aile droite polonaise et la cavalerie russe sont sérieusement mises à mal. Le grand-maître de l’Ordre rappelle la cavalerie qui poursuivait les fuyards et s'engage lui-même avec sa réserve pour déborder l’armée polonaise par la droite.

L’aile droite polonaise subi alors l’attaque principale des forces teutoniques.
Les Polonais engagent leur réserves de cavalerie ainsi que des mercenaires pour combler les trous mais l’enseigne royale polonaise est mise à mal.

Un chevalier teutonique engage même le combat avec le roi Jagellon. La garde royale le dégage et, tout à coup, la bataille bascule en faveur des Lituano-Polonais grâce à l'engagement des réserves de la cavalerie lourde polonaise et l'attaque de la cavalerie légère qui suit.

De plus, contrairement aux Teutoniques, Jagellon dispose encore de réserves d'infanterie. Il les engage pour achever l’encerclement et est aidé par le retour des cavaliers légers lituaniens et des tatars.

Les Lituano-Polonais prennant l’avantage du nombre, coupe l’aile droite teutonique du reste du front et prennent son camp.

Le grand maître, Ulrich von Jungingen, est abattu au milieu de ses chevaliers, ainsi que de nombreux dignitaires de l’ordre.

L’Ordre Teutonique est durement mis à mal. Il perd 200 chevaliers Teutoniques et 8000 hommes. L'armée Lituano-Polonaise, quant à elle a perdu 10 000 hommes.

Après la Bataille :

Le 17 juillet, les Lituano-Polonais repartent vers Malbork et assiègent la forteresse teutonique le 26 juillet.
Cependant, menacé sur ses arrières (Silésie, Bohème, Moravie et Hongrie lui sont hostiles) et n’ayant pas d’équipement de siège, le Roi Jagellon lève le siège le 18 septembre.

Le traité de Thorn, favorable à la Pologne est signé en 1411.



Anecdote :

Un prêtre allemand, le prêtre Anton Gräbener de Lubeck, qui ne participaient pas aux combats, envoi un rapport à toutes les capitales d'Europe, en informant le tribunal que les chevaliers teutoniques ont été vaincu parce que la Jahaila païen (Yagailla) et son cousin païens Vitaut, ont demandé l’aide de 100.000 Tatars responsable de la défaite des défenseurs du christ.

En vérité, il ne devait y avoir eu qu’environ 1500 archers à cheval à la bataille, la principale force tatar étant l'entourage de Jalal ad-Din, fils du Khan Toqtamich.

Remarque :

La bataille est racontée dans la chronique : Cronica conflictus Wladislai Regis Poloniae cum Cruciferis anne Christi 1410

Cette chronique a été écrite en latin à la fin de 1410 ou au début de 1411. En raison d'un certain nombre de faits mentionnés dans le texte et une grande orientation dans la description des faits, l'identification de l'auteur est sujet à caution.
Cependant on attribue cette chronique au polonais, Traba Nicolas, archevêque de Gniezno et secrétaire royal. Il a participé à la Bataille.

La chronique originale a été perdue, ne laissant que quelques copie du XVIème siècle .
Nagaï Mergen, Commandant du Barun-Gar de l'Ordoo du 'Corbeau Rouge'
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