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Contes et Légendes Mongols


Venez écouter Tsagan Qütu, notre barde, raconter ses histoires, le soir, sous la yourte.

Modérateurs: Alokhan, Che Khan, Tsagan Qütu

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Message 09 Mars 2006, 21:19

Contes et Légendes Mongols

Contes et Légendes Mongols : Introduction


Comme beaucoup de civilisations, les mongols ont développé une tradition orale à la diversité extrême. Mythes, fables, légendes, proverbes et dictons et poemes épiques peuplent cette culture orale.
Les mythes reflètent la perception et la compréhension du monde par les ancêtres fondateurs d'une nation.

Bon nombre de motifs développés dans les mythes mongols sont communs à l'humanité mais ils sont toujours fortement imprégnés du monde dans lequel ils sont apparus.

Les principaux mythes mongols touchent à la création du monde, à la lutte entre le bien et le mal, au monde animal ou aux phénomènes naturels.

Tenger, le ciel, masculin et Gazar, la Terre, féminine, y tiennent un rôle important. Les animaux totémiques jouent un rôle prépondérant dans les mythes touchant à l'apparition de l'Homme. Le loup turc est le plus connu de ces animaux totémiques (les türks, originaires d'asie centrale, furent un certain temps vassaux des mongols) et c'est aussi un loup, Borte Tchino, le loup bleu, qui est l'ancêtre des Mongols.

Les fables sont une forme de littérature orale très populaire. En proses ou en vers, elles restent accessibles à toutes les générations et sont toujours contées, l'hiver, dans les yourtes. les sujets abordés sont libres: vie de tous les jours, anecdotes, etc...

Ces fables, moralisatrices, comportent un héros, homme ou animal, toujours honnête et vertueux qui, avec ou sans l'aide de pouvoirs surnaturels, va vaincre le mal, les ennemis, le vice ou autre mauvais penchant humain...

Les légendes sont nombreuses et touchent l'histoire, les grands personnages du passé ou autre sujets. Elles ne sont pas fixées comme les fables ou les mythes qui, de par leur mode, sont plus rigides et imposent le respect de la prose ou vers. La légende évolue, vie, se meut.

Le 'Barde', contant une légende, l'enjolive, la brode, la transforme, la décore.

Comme un jazzman, il respecte le cadre et génère des riffs, modifiant le reste au gré de son imagination. lorsque le feu est à l'extérieur, il utilise des herbes sèches qui, jetées dans le feu, brulent avec des flammes vertes, bleues, jaunes, rouges... la légende devient spectacle...

La poésie est aussi présente dans les yourtes. Plusieurs types de poésie existent.

Le magtaal, chanté ou non, est utilisé pour célébrer les louanges d'une personne, famille ou autre. Lors des compétitions de lutte, le gagnant est glorifié par un poême de type magtaal récité par un héraut.

Le Yorool est une forme poétique utilisée pour les bons voeux et déclamés lors des mariages, de la réalisation du feutre, du montage d'une yourte neuve, etc...

Duulkh, le poême épique, est un mode poétique très ancien trouvant son inspiration dans la mythologie.

Il semble qu'un des plus anciens poemes épiques soit "Huuheldei Mergen Khan"

C'est l'histoire d'un khan tuant un cerf aux bois magnifiques. Enchanté par la beauté de l'animal qu'il vient de tuer et rongé par le remord, Huuheldei Mergen porte la dépouille en haut d'une montagne et, trois longues années, y reste honorer l'animal. Cette période passée, le cerf lui apparait, drapé d'un arc en ciel. Charmé par ce signe, Huuheldei Mergen brise ses armes et se jette d'une falaise. Trois cerfs volants apparaissent alors et le portent vers le ciel ou il repose depuis dans la paix...

Laissez moi vous raconter toutes ces histoires et bien d'autres encore.
Dernière édition par Tsagan Qütu le 07 Sep 2008, 13:23, édité 2 fois au total.
Tsagan Qütu, Barde de l'Ordoo du 'Corbeau Rouge'
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Message 09 Mars 2006, 21:21

Mythes fondateurs

- Mythes Fondateurs :

- Mythe fondateur du peuple Mongol

Il est dit que le peuple mongol vient de l’union d’un loup bleu “Borte Tchino” et d’une biche blanche “Ko’ai Maral”.

Ainsi commence une extraordinaire histoire d’amour. Le loup avec son courage, sa force et la biche avec sa douceur, son intuition, son élégance forme un couple complémentaire.

En effet, alors que selon les lois de la nature, l’un devrait détruire l’autre, le chasseur et la proie se rencontrent, et ils s’aiment. Dans cet amour, il n’y a rien de bien ni de mal mais celui-ci est si fort qu’il modifie les lois de la nature.

Le couple vennant d’une région éloignée à l’ouest et après avoir traversé un vaste lac, fixe son campement à la source du fleuve Onon, dans les mont Burqan.

De leur union, nait l’ancêtre de tous les Mongols : Batachi-qan.

Börte-a-Tchino représente le symbole du Ciel et père de tout le peuple Mongol, la biche Ko'ai Maral, symbolise la pureté et la beauté et représente aussi la féminité et la Terre nourricière.

- Mythe fondateur du Clan des Bordjigin

La tribu des Borgjidin fait partie de la grande famille des tribus mongoles. C’est la tribu de Yegusaï et de Temudjin (Gengis khan).

Ainsi Batachi-qan. est à la tête d'une longue lignée de descendants pour arriver jusqu'a Toroqoljin-Bayan et son épouse Boroqchin-qo’a.

Il y a bien longtemps de cela, Toroqoljin-Bayan et son épouse Boroqchin-qo’a formaient un couple très fidèle et très uni. Ils étaient tellement uni que leur premier enfant naquit avec un seul œil, placé verticalement au milieu du front. On le nomma Duwa-Soqor (Duwa l’aveugle). Cet œil unique était, par contre, très perçant et grâce à lui, Duwa-Soqor avait le don de voir à cent lieue à la ronde.

Après Duwa-Soqor naquit un deuxième fils qui prit le nom de Dobun-Mergen (Dobun le Grand Archer).

Les années passèrent et les deux frères devinent des jeunes gens pleins d’ardeur et de force.

Un jour, ils partirent à la chasse. Duwa-Soqor, se servant de son don, parcourra la steppe de son regard perçant. Il vit, à l’horizon, un groupe de personnes qui se déplaçait et dit à son frère :

- J'aperçois, au loin, une très belle jeune fille et sa suite. Je pense qu’elle va à ses noces.
Demain, elle devrait passer non loin d’ici. Quand elle arrivera, enlève-la pour en faire ton épouse.

Dobun-Mergen ne le cru qu’a moitié, mais le lendemain il revint quant même au même endroit pour vérifier les dires de son frère. Il vit alors arriver une jeune fille très belle entourée d’une petite troupe.
Le jeune homme se précipita sur eux, les assaillant de flèches et de coups de sabre. En peu de temps, la petite troupe fut dispersée et dobun-Mergen enleva la jeune fille pour l'emmener dans sa yourte.

C’est comme ça qu’Alan-Qo’a (Alan la Belle) devint l’épouse de Dobun-Mergen.

Bien vite, naquirent deux enfants, l’aîné fut nommé Bügünüteï et le cadet Belgünütei. On dit que Bügünüteï fut l’ancêtre du clan Bügünüt et Belgünütei fut l’ancêtre du clan Belgünüt.

Malheureusement, peu après, Dobun-Mergen fut tué au cours d’une chasse, laissant seuls, son épouse et ses deux fils;

Alors que Alan-Qo’a s’occupait de ses deux enfants et qu’elle restait chaste, elle donna la vie à trois autre enfants.

Tous le monde était préoccupé par ce miracle et désirait connaître le secret de ce mystère.

Alors, Alan-Qo’a leur expliqua qu’avant chaque naissance, elle avait vu un rayon de soleil entrer par l’ouverture du Tonoo. Ce rayon lumineux lui frôlait sa douce peau blanche et lui réchauffait le cœur comme du temps ou son mari était vivant.

C’est ainsi que naquirent

- Buqu-Qadaji, ancêtre des Qatagin
- Buqatu-Salji, ancêtre des Saldji'ut
- Boronchar-Mungqaq, ancêtre des Bordjigin.

C’est pourquoi, chez les Bordjigin, on dit que dans ses veines se mêlent le sang d’Alan la belle et de la lumière du soleil.

Plusieurs autres tribus mongoles se prétendent descendre des enfants d' Alan-Qo’a et se donne également le nom de "Mongol Nirun" (enfant de la Lumière).
Tsagan Qütu, Barde de l'Ordoo du 'Corbeau Rouge'
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Message 10 Mars 2006, 15:43

Contes et Légendes Mongols

La Légende de Dalataï le rusé

Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), le vieux Dalataï avait septante vaches, un taureau fort et bien portant et un énorme ventre bien gras. Un jour, il a la visite d’un dragon noir, le même qui vole les vaches, moutons et chèvres de toute la région. Celui-ci s’adresse à Dalataï et lui dit :

- on dit de toi que tu possède septante vaches, un fier taureau et un ventre bien gras, je vais manger un des trois mais je te laisse le droit de choisir.

Dalataï connaissait la réputation du dragon, très cruel mais pas très futé. Il lui répond de cette manière.

- J’aime mes vaches et mon taureau, par contre mon gros ventre me gène car il pèse trop lourd.

“Fort bien” dit le dragon, “je vais le manger”.

“Je te le donne volontiers” réplique Dalataï “à condition de le couper avec le couteau bien tranchant du vieux Doutaï.

Le dragon vole jusqu'à la yourte de Doutaï et lui dit :

- Vieux Doutaï, Dalataï m'envoie pour te demander ton couteau afin de couper son gros ventre et de le manger.

Doutaï lui répond :

- Je veux bien te prêter mon couteau, mais tu devras l’aiguiser à la meule du vieux Bataï.

Le dragon vole jusqu'à la yourte du vieux Bataï et lui dit :

- Vieux Bataï, Doutaï m'envoie pour te demander ta meule afin d’aiguiser son couteau pour couper le gros ventre de Dalataï et le manger.

Bataï lui répond :

- Je veux bien te prêter ma meule, mais tu devras la transporter sur le chariot du vieux Khataï.

Le dragon vole jusqu'à la yourte du vieux Khataï et lui dit :

- Vieux Khataï, Bataï m'envoie chercher ton chariot afin de transporter sa meule pour aiguiser le couteau de Doutaï qui servira à couper le gros ventre de Dalataï et de le manger.

Khataï lui répond :

- Je veux bien te prêter mon chariot, mais tu devras y atteler le cheval du vieux Dataï

Le dragon vole jusqu'à la yourte du vieux Dataï et lui dit :

- Vieux Dataï, Khataï m'envoie te demander ton cheval pour atteler son chariot afin de transporter la meule de Bataï pour aiguiser le couteau de Doutaî qui me servira à couper le gros ventre de Dalataï et de le manger.

Dataï lui répond :

- Je suis d’accord de te prêter mon cheval mais tu doit le longer avec la corde du vieux Uotaï.

Et le dragon vole jusqu’à la yourte du vieux Uotaï et lui dit :

- Vieux Uotaï, Dataï m'envoie te demander ta longe pour conduire son cheval afin de l’atteler au chariot de Kkataï et transporter la meule de Bataï pour aiguiser le couteau de Doutaî qui me servira à couper le gros ventre de Dalataï et de le manger.

Uotaï lui répond :

Je veux bien te prêter ma longe mais tu devras l’accrocher au licol du vieux Boutaï

Et le dragon vole jusqu”à la yourte du vieux Boutaï et lui dit :

- Vieux Boutaï, Uotaï m'envoie te demander ton licol afin d’accrocher sa longe pour conduire le cheval de Dataï afin de l’atteler au chariot de Kkataï et transporter la meule de Bataï pour aiguiser le couteau de Doutaî qui me servira à couper le gros ventre de Dalataï et de le manger.

Boutaï lui répond :

Je veux bien te prêter mon licol mais il se trouve de l’autre côté du lac, vole sur l’autre rive et prends la.

Fatigué par tous ses voyages, le dragon lui répond qu’il ne lui est plus possible de voler jusque la bas.

“Traverse à la nage” lui conseille Boutaï
“Je ne sais pas nager” lui répond le dragon
“ Ce n’est pas grave” dit Boutaï en souriant, “attache toi cette grosse pierre à ton coup , elle est magique et te portera ou tu le désire.

Sans réfléchir, le dragon s’attache la grosse pierre, plonge dans le lac et se noie aussitôt.

C’est comme ça que Boutaï, Uotaï, Dataï, Khataï, Bataï, Doutaï et Dalataï, qui étaient sept frères, ont débarrassé la région d’un ennemi redoutable.

Et dans la steppe, on en rit encore.
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Message 11 Mars 2006, 12:33

Contes et Légendes Mongoles

La Légende de Taïdju et l’Ogresse aux longues
oreilles



Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), dans les monts Altaï vivait un chasseur nommé Taïdju et sa sœur Boroldoï. Ils vivaient heureux dans leur yourte et ne manquaient de rien car Taïdju était un bon chasseur et le gibier était abondant.

Un jour, Taïdju part à la chasse comme d’habitude. Avant de partir il dit à sa sœur :

- Je reviendrai quand le soleil se sera couché et levé trois fois. Veille bien sur notre feu et surtout ne le laisse pas s’éteindre.

Puis il quitte le campement en se dirigeant vers le soleil levant.

Boroldoï veille consciencieusement sur le feu pendant deux jours, mais la troisième nuit elle s’endort sans le recharger et le feu s’éteint.

“Que vais-je faire ?” se demande-t-elle “Mon frère revient aujourd’hui et il va se fâcher”

Boroldoï décide alors d’allé dans la montagne afin de trouver quelqu’un et de lui demander du feu. Elle marche très longtemps et fini par trouver, devant une yourte toute noir, une vielle femme qui se chauffe auprès de son feu.

Boroldoï la prie de lui donner un peu se son feu.

“Prend-en ma fille” lui répond la vielle femme.

Boroldoï retire du feu une branche enflammée et se hâte de rentrer dans sa yourte.
Aussitôt arrivée, elle met la branche dans le foyer et y ajoute des brindilles pour activer son feu.

Tout à coup, elle remarque qu’un fil s’est accroché à sa robe, un fil qui s’étire dans la forêt. Elle se rappelle alors que son frère l’avait mis en garde contre une ogresse aux longues oreilles qui vivait quelque part dans la forêt et qui avait mangé beaucoup de gens.

Boroldoï prends peur, elle arrache le fil et court vers le soleil levant en espérant rejoindre son frère sur le chemin du retour.

Pendant ce temps, l’ogresse aux longues oreilles enroulait déjà le long fil et abouti à la yourte de Boroldoï. Mais l’ogresse ne trouve personne, le fil, arraché, traînant par terre.

L’ogresse entre en colère et crie au lit :

- ou est allée Boroldoï ?
Le lit garde le silence car c’est le lit de Boroldoï.

Alors l’ogresse interroge la marmite :

- Ou est allée Boroldoï ?
Mais la marmite garde le silence car c’est la marmite de Boroldoï.

L’ogresse décide de demander au feu :

- Ou est allée Boroldoï ?
Et le feu lui répond, car c’était le feu de l’ogresse aux longues oreilles :

- Boroldoï est allée vers le soleil levant.

L’ogresse part à la poursuite de la jeune fille et elle court si vite qu’elle voit déjà Boroldoï au loin. Bien vite, elle l’a rattrapée et commence à étendre ses longues mains griffues vers son cou lorsque Taïdju apparaît revenant de sa chasse.

L’ogresse prend peur du chasseur et se change en cheval. Mais elle est trahie par ses longues oreilles et Taïdju pointe sa flèche dans sa direction.
L’ogresse se change alors en souris mais ses longues oreilles la trahissent encore et Taïdju à déjà décoché sa flèche.
Alors l’ogresse se transforme en lièvre, car le lièvre à de longues oreilles, mais la flèche de Taïdju lui transperce le ventre juste à ce moment.

Du ventre de l’affreuse ogresse sortirent des tas de gens quelle avait mangés.

Certains ont remercié Taïdju de les avoir libéré, mais d’autres lui en ont voulu car dans son ventre, ils étaient bien au chaud et ne devaient pas travailler.

Ainsi en va-t-il souvent comme ça, on n’obtient pas de reconnaissance de tout le monde.

Après cette aventure, Taïdju et Boroldoï s’en sont retourné vivre tranquillement dans leur yourte comme il le faisaient depuis toujours.
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Message 11 Mars 2006, 17:27

Contes et Légendes Mongoles

La Légende de l’Etoile Polaire


Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), un grand Khan qui avait une fille qui avait atteint l’age 25 ans et qui n’était pas encore mariée.

Cette princesse n'avait jamais été autorisée à sortir, elle vivait uniquement dans la yourte royal.

Quand elle eut atteint sa 25e année, elle demanda la permission de sortir, et son père la lui accorda. Un jour qu'elle se promenait, seul, dans le jardin, Garuda, l'oiseau mythique, le seigneur des animaux à plumes, l'enleva pour en faire son épouse.

Le Khan convoqua aussitôt tous les sages de son royaume et leur demanda s'il existait quelque shaman qui fût capable de lui dire où se trouvait la princesse qu'il avait perdue.

Les sages lui répondirent qu'ils connaissaient un homme, père de huit fils, qui pourrait trouver sa fille et la lui ramener. Le khan ordonna donc qu'on fît venir ce vieil homme.

Celui-ci arriva avec ses huit fils et, après avoir entendu la requête du khan, il dit à ses fils :
"Notre Khan a perdu sa fille. Pouvez-vous la retrouver ?".

Tous les huit répondirent à l’unisson que oui, et quand le père dit au khan que ses fils pouvaient retrouver la princesse, le khan déclara : "Si vos fils me ramènent ma fille, l'aîné d'entre eux pourra l'épouser; quant aux sept autres, ils deviendront des fonctionnaires importants de mon royaume".

Le khan demanda alors aux fils du vieil homme quelles sortes de talents ils possédaient.

L’ainé répondit :
- Je sais tirer à l’arc avec précision, j'atteins toutes les cibles.

Le second déclara :
- C'est moi qui cours le plus vite.

Le troisième affirma :
- C'est moi qui vois les choses du plus loin.

Le quatrième répondit :
- C'est moi qui renifle le mieux et sais reconnaître les choses.

Le cinquième informa :
- Moi, je suis capable d'avaler de l'air.

Le sixième prétenda :
- Moi, je suis capable d'engloutir des océans.

Le septième déclara :
- Moi, je peux faire tenir en place le soleil et la lune.

- Et moi, je peux attraper les choses à distance, dit enfin le plus jeune frère.

Le khan leur donna l'ordre de retrouver la princesse. En premier lieu, le 4e fils du vieil homme renifla le sol du jardin et déclara que c'était Garuda qui l'avait enlevée. Puis le 3e fils vit Garuda en train de l'enlever, en sorte que le fils aîné tira sur lui et que le 5e fils avala l'air qui les contenait, lui et la princesse, avant qu'ils ne tombent dans l'eau que le 6e fils engloutit. Sur ces entrefaites, tandis que le 2e fils courait vers eux parce que le soleil s'apprêtait à se coucher, le 7e frère maintint le soleil en place et le plus jeune des huit frères attrapa la princesse, sur le dos de Garuda. C'est ainsi que tous les frères ramenèrent, ensemble, la princesse à son père.

Celui-ci en fut très heureux et autorisa, comme promis, l'aîné des frères à épouser sa fille.

Mais celui-ci répliqua qu'il devait d'abord demander la permission de son père. Il se rendit donc auprès de lui et lui déclara qu'il ne voulait pas devenir prince. Puis il demanda au vieil homme auquel de ses huit fils il voulait donner une flèche d'or.

Le vieil homme répondit qu'il allait lancer une flèche en l'air, et que celui qui l'attraperait recevrait en récompense une flèche d'or. Il tira, et ce fut le plus jeune des huit frères qui l'attrapa.

Ainsi donc, au lieu d'épouser la princesse, il devint l'étoile d'or (ou l'étoile polaire) et ses frères, au lieu de devenir fonctionnaires, devinrent les étoiles des 7 bouddhas (la grande ourse). C'est pourquoi l'on dit en Mongolie que les étoiles des 7 bouddhas sont les 7 frères, allant rendre visite à leur frère cadet, l'étoile d'or.
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Message 17 Mars 2006, 10:57

Contes et Légendes Mongoles

Le renard, le loup, l’ours et l’arbre à miel


Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), un renard, un loup et un ours se promenaient ensemble dans la steppe. Tout en discutant de choses et d’autres ils tombent sur un arbre creux dans lequel une ruche s’est installée et qui regorge de miel.

“Hum ... du miel” dirent-ils tous les trois et ausstôt ils se disputent pour savoir comment ils vont partager le butin.

Le renard a une idée :

- Il faut le distribuer selon l’âge de chacun, le plus âgé aura la plus grosse part. Quel âge as-tu, toi le loup ?

“j’ai cent ans” dit le loup.

“parfait” répond le renard “j’ai deux cents ans”

“et toi” demande le renard à l’ours “quel âge as-tu ?”

“”j’ai huit ans” répond l’ours.

“huit ans seulement ?” s’exclame le renard “pauvre de toi, tu seras celui qui recevra le moins”

“Je ne recevrai plus rien et vous non plus” répond l’ours d’un air amusé, “pendant que vous discutiez, j’ai mangé tout le miel”.
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Message 20 Mai 2006, 09:53

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La Légende de la foudre qui a battu le Khan


Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), un Khan d’une petite tribu était devenu fort riche grâce au commerce
Ce Khan n’était pas seulement riche, il était aussi très méchant et avait pris l’habitude de battre son serviteur personnel . La méchanceté n’était pas son seul défaut, c’était aussi un grand poltron.

Un jour qu’ils voyagent dans la steppe, accompagné de son domestique, ils sont surpris par l’orage. Les éclairs déchiraient le ciel et le tonnerre grondait et de répercutait en écho sur les montagnes. Il n’y avait aucun endroit pour s’abriter. Alors, dans son immense frayeur, sautant à bas de son cheval, le khan se jette sur le sol et s'accroupit en se couvrant la tête de son manteau.

En voyant cela, le domestique saisi un bâton et de met à frapper son maître sur le derrière.
A chaque coup de tonnerre, le domestique assénait un coup. Encore et encore et encore.

L’orage ne dure pas très longtemps, mais le khan reçoit une belle raclée.

Alors que la tempête s'apaise, le domestique se couche à son tour, se couvre la tête de son manteau et reste comme ça sans bouger.

Au bout d’un moment, le Khan se relève, pouvant à peine se bouger tant il avait mal dans tous ses membres.

Il voit son serviteur, toujours par terre et lui crie :

“Holà !! feignant, lève-toi, l’orage est fini”

“Je ne peux pas” lui répond le serviteur, “La foudre m’a frappé et j’ai mal dans tout le corps”

“Allons, allons, pleutre” lui répond le Khan “moi aussi, la foudre m’a frappé et certainement plus que toi et je n’en fais pas toute une affaire” .
Dernière édition par Tsagan Qütu le 25 Nov 2006, 14:58, édité 1 fois au total.
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Message 25 Nov 2006, 14:42

Contes et Légendes Mongoles

Le Khulan, le Corbeau et le Loup.


Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), un Khulan, un Corbeau et un Loup, vivant ensemble tels des frères.

Un jour, ils partirent à la recherche d’un nouvel endroit où vivre et le Corbeau dit :

- "Il y a un endroit où chacun de nous trouvera plein de choses à manger. Mais il y vit un chasseur expérimenté avec son arc et ses pièges. Les pièges seraient un danger pour nous."

Le Loup pensa : "Si le Khulan était attrapé dans un de ces pièges de chasseurs, je pourrais manger autant que je voudrais."

Alors il dit : " Allons à cet endroit magnifique et vivons là-bas. Ou êtes-vous effrayés par ce chasseur ?"

Ainsi les trois amis emménagèrent dans cet endroit et pour un temps ils vécurent en paix.
Mais un jour, le Khulan fut attrapé dans un piège. Aussitôt que le Loup le sut, il se dépêcha de trouver l’animal attrapé avant le Corbeau. Quand il arriva enfin, le Loup demanda au Khulan :

- "Comment est-ce arrivé ?"

- "Comment est-ce que j’ai été pris au piège ? Je ne le sais vraiment pas. J’étais juste en train de marcher quand je suis soudainement tombé dedans." répondit le Khulan.

- "Comment puis-je me libérer ?"

Le Loup lui dit :

- "Saute, saute ! Tu seras capable de te libérer par toi-même !"

Et il partit, laissant le Khulan seul. Il se dit qu’il ferait mieux d’attendre un peu avant de le manger, et se cacha derrière un buisson.

Mais au même moment le Corbeau arriva volant et quand il vit le Khulan il demanda à son ami :

-"Pourquoi sautes-tu comme ça ?"

-"Pourquoi ? J’ai été attrapé dans un de ces pièges du chasseur et le Loup est venu là et m’a dit : ‘Saute et tu seras capable de te libérer tout seul’, c’est pourquoi je saute. Mais maintenant mes jambes me font mal et je suis fatigué", dit le Khulan.

Le Corbeau lui donna alors les conseils suivants :

- "Arrête de sauter. Tu te cassera les jambes et alors tu mourras très vite. Tu ne dois pas bouger du tout ! Joue le mort !"

- "Quand le chasseur croira que tu es déjà mort, il te libérera. Et quand il le feras tu devras alors fuir".

Le Khulan fit alors ce que le Corbeau lui avait dit. Le Corbeau vola alors haut dans le ciel et commença à tourner en cercles au-dessus de la yourte du chasseur, croassant pour attirer l’attention de l’homme. Le chasseur expérimenté pensa :

- "Oh, un animal doit avoir été attrapé dans mon piège." Et il prit alors son arc et son carquois et alla jeter un coup d’œil.

Pendant ce temps le Loup pensa :

- "C’est ennuyant que le Corbeau est venu et a ouvert les yeux du Khulan."

Il allait se lever pour revenir vers le Khulan encore piégé quand il vit approché le chasseur. "Maintenant l’heure est venue de remplir mon ventre" se dit le Loup et il s’accroupit encore derrière le buisson.

Quand le chasseur vit que c’était un khulan qu’il avait attrapé il fut très heureux. Et quand il crut que l’animal était mort, il le libéra. Puis il s’assit pour fumer sa pipe. A ce moment-là, le Khulan sauta et s’enfuit aussi vite qu’il put.

Le chasseur tira plusieurs flèches après lui. Mais parce que le Khulan avait couru dans la direction du buisson derrière lequel se cachait le Loup, les flèches ne touchèrent pas le Khulan mais le Loup qui mourut quand l’une d’elles le frappa à la tête.

(Le Khulan est un singe sauvage mongol)

Source : Auteur Inconnu / Traduit par "Sempai" du site : yazou zhijia
Dernière édition par Tsagan Qütu le 25 Nov 2006, 15:09, édité 2 fois au total.
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Message 25 Nov 2006, 15:03

Contes et Légendes Mongoles

Erkhii Mergen et les Sept Soleils

Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), il y avait sept soleils dans le ciel. Mais un terrible courant d'air fit craquer et rougir le sol. Les rivières s'asséchèrent et les arbres se flétrirent. Le peuple souffrait beaucoup de la chaleur et les animaux mourraient par dizaines. Tout semblait inévitable, tout allait à sa fin.

Mais dans une région vivait un beau jeune homme qui avait pour nom : Erkhii Mergen.

Il tirait à l'arc comme personne d'autre ne pouvait le faire, tout ce qu'il visait était touché.
Beaucoup d'animaux et de personnes vinrent à lui, lui demandant : " S'il te plaît ! Tire sur les sept soleils dans le ciel et détruit-les ! "

Erkhii Mergen était très vaniteux de sa précision au tir à l'arc et pensait être un homme courageux, fort et fier. Il fit alors le serment que s'il ne pouvait pas toucher les sept soleils avec sept flèches, il couperait ses pouces, qu'il ne serait plus du tout un homme, qu'il ne boirait plus d'eau claire mais qu'il mangerait de l'herbe vieille d'un an, et continuerait sa vie
en marmotte, vivant dans un trou sombre sous terre.

Vint le moment où il commença son devoir. De l'Est, il tira sur les Sept Soleils, bougeant très hauts dans le ciel les uns après les autres d'Est en Ouest. Après avoir tirer sur le sixième, il visa avec soin sur le septième. Mais juste au moment où Erkhii tirait, une hirondelle passa dans le ciel et cacha le soleil, et la flèche par malheur ne toucha pas le dernier soleil mais la queue de l'hirondelle.

C'est pourquoi on dit que l'hirondelle a une queue fourchue. Le dernier soleil fut apeuré d'Erkhii Mergen et se dépêcha de se cacher derrière les montagnes à l'Ouest.

L'archer pensa :"L'hirondelle a gêné ma vue". Il prit alors son cheval volant et entreprit de chasser l'hirondelle et de la tuer. Mais son cheval lui jura : "Je chasserai l'hirondelle du crépuscule au crépuscule. Si je ne l'attrape pas d'ici là, coupez mes avant-jambes et jetez-les.

Alors je ne serai plus un cheval mais je vivrai dans un endroit grossier et inégal."

Mais peu importe à quelle vitesse le cheval courait, l'hirondelle restait toujours hors de portée et volait courageusement autour de leurs têtes. Finalement le crépuscule vînt sur eux et le cheval n'avait pas été capable d'attraper l'oiseau.

Erkhii Mergen fut très fâché et coupa alors les deux avant-jambes de son cheval volant. Depuis lors, celui-ci vit dans un endroit inégal et brut et est devenu une souris sautante mongole dont les pattes d'avant sont courtes.


Le fier Erkhii Mergen, quant à lui, ne revînt pas sur ses paroles et coupa ses pouces. Il ne vécut plus en homme et alors devînt une marmotte. Il ne but plus de l'eau claire mais mangea de l'herbe de l'annéeprécédente, et vécut dans un trou sombre sous terre.

Depuis lors, on dit que la marmotte a seulement quatre doigts à chaque patte et que tôt le matin Erkhii Mergen oublie qu'il est devenu une marmotte, qu'il sort de son trou et attend que le soleil s'élève pour tirer sur celui-ci.

On dit que l'hirondelle se moque encore des cavaliers en leurcriant : "Attrape-moi si tu peux !" et qu'au crépuscule elle vole encore en cercles autour des têtes des cavaliers.

On raconte également qu'il y a un morceau de viande dans la marmotte qui s'appelle "la viande de l'homme", à laquelle aucun homme n'a le droit de manger, parce que l'on croit que c'est la chair d'Erkhii Mergen.

Le septième soleil, quant à lui, est encore apeuré d'Erkhii Mergen et se cache derrière les montagnes dans l'Ouest. Ainsi vinrent le jour et la nuit sur terre.

Source : Auteur Inconnu / Traduit par "Sempai" du site : yazou zhijia
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Message 25 Nov 2006, 15:15

Contes et Légendes Mongols

Le Renard et le Loup


Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), un Renard et un Loup vivaient ensemble tels des frères. Un jour qu’il étaient à la recherche de nourriture, ils trouvèrent sur le chemin de nomades un sac de beurre. Ils voulurent le partager en deux parts égales.

Mais le Renard dit :

- "Si nous mangeons le beurre ici, les hommes viendront. Allons sur le mont d’une grande montagne et mangeons-le là-bas. »

- "Faisons comme ça. Mais comment devrions-nous porter le beurre ?" demanda le Loup.

- "Comment allons-nous porter le beurre ?" répéta le Renard. " L’un d’entre nous devra le porter sur son dos. Mais haleter est un dur travail."

- "Bon, je porte le beurre sur mon dos. Toi tu fais le haletant "lui dit le Loup hâtivement et prenant le beurre sur son dos. Le Renard consentit, ouvrit tout grand sa gueule et suivit le Loup en haletant fortement.

Quand ils arrivèrent au sommet de la montagne, le Renard dit :

- " Ce serait inutile de partager le beurre. L’un de nous devrait le manger entièrement."

- "Et qui devrait l’avoir ?" demanda le Loup.

Le Renard dit :

- "Le plus âgé mérite de le manger. Quel âge as-tu ?"

Le Loup voulant tromper le Renard, afin d’avoir le beurre pour lui tout seul, dit :

- "Quand j’étais petit, la Montagne Sumber n’était qu’une colline, et la Mer de Lait une flaque."

(Cette phrase est typique de la littérature folklorique mongole. La référence de la montagne et de l’océan mythiques démontre que celui qui parle est très âgé.)

Aussitôt que le Renard entendit ses paroles, il éclata en sanglots. Le Loup crût avoir déjà gagné le beurre. Il demanda à haute voix :

- "Pourquoi pleures-tu ?"

- "J’ai trois petits renardeaux !" dit le Renard. " Mon plus jeune fils doit avoir ton âge. Cela me touche beaucoup".

Quand le Loup entendit cela, il eut honte de lui. Affamé et l’estomac gargouillé, il rentra chez lui. Pendant ce temps le Renard mangea tout le beurre jusqu’à rassasiement.

Source : Auteur Inconnu / Traduit par "Sempai" du site : yazou zhijia
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Message 14 Mai 2007, 21:14

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La Légende de Kara-Mori


Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), un pauvre berger qui n’avait comme seul ami et unique fortune un petit cheval du nom de Kara-Mori.

Ce petit cheval était à la fois intelligent,courageux et rapide. Il aidait si bien le berger dans ses tâches que celui-ci ne savait plus s’en passer.

Mais un jour le petit cheval arriva à la fin de sa vie . Le berger qui restait inconsolable devant son cheval mort décida alors de perpétuer sa mémoire.

Il pris du bois parfumé d’un arbre de son pays, le santal, et en fit le corps d’un violon.
Avec un tibia de son petit cheval il fit un manche au bout du quel il sculpta la belle tête de son poney. Utilisant les longs crin de sa queue il confectionna les cordes de l’instruments et celles de son archet.

Le violon terminé, le berger se mit à jouer. Les sons qui en sortirent étaient si purs et si harmonieux que le berger fut transportée de joie et un peu consolé.

Peu à peu, le berger joua de plus en plus de son extraordinaire violon. Partout ou il passait, emportant avec lui le souvenir de son poney, il apportait joie et bonheur.

Ainsi, chaque mongol voulut à son tour avoir un tel instrument. Il lui donnèrent le nom de Morin Khuur en souvenir de Kara-Mori.
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Message 04 Août 2007, 10:18

Contes et Légendes Mongols

La Légende d’Hailibu, le chasseur au grand coeur

Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), dans les grandes steppes mongoles il y avait un chasseur au grand coeur du nom d’ Hailibu. Après chaque chasse, il partageait la viande entre les villageois et ne gardait qu'une petite portion pour lui-même. Son attention pour les autres lui valait un grand respect dans le village.

Un jour, alors qu’il chassait dans les bois, Hailibu entendit des cris urgents venant du ciel. levant le regard , il vit une petite créature capturée par un vautour vorace. Il visa rapidement le prédateur avec sa flèche. Blessé par la flèche, le vautour lâcha sa proie.

Hailibu regarda cette étrange créature qui avait le corps d’un serpent et dit:
- Pauvre chose, rentre vite chez toi.

La créature répliqua :
- Respectable chasseur, vous avez sauvé ma vie, ce dont je vous suis extrêmement reconnaissante. Je suis la fille du roi dragon et je suis sûre que mon père vous remerciera par une grande récompense. Il a beaucoup de grands trésors que vous pouvez prendre. Si aucun de ces trésors ne vous plaît, vous pourrez lui demander une pierre précieuse qu’il tient dans sa bouche. N’importe qui, qui tient cette pierre dans sa bouche, sera capable de comprendre les langages de tous les animaux.

Hailibu ne s'intéressait à aucun trésor que ce soit mais être capable de comprendre les langages des animaux lui plaisait beaucoup. Il demanda à la fille du dragon :

- Y a-t-il vraiment une pierre aussi précieuse ?

Elle répondit :
- Oui. Mais tout ce que vous entendrez des animaux, vous devrez le garder pour vous-même. Si vous le dites aux autres, vous vous transformerez en une pierre.

Le jeune dragon emmena Hailibu au bord de l’océan. A mesure qu'ls avançaient dans l’océan, l’eau s’écartait aussitôt de chaque coté et Hailibu pouvait marcher comme sur une large avenue. Peu de temps après un palais étincelant émergea, lieu où le roi dragon résidait.

Le roi dragon fut content d’apprendre que Hailibu ait sauvé sa fille et il lui offrit de prendre n'importe quel de son palais qui lui plaisait . Après un moment de silence, Hailibu répondit :

- Si vous voulez me donner quelque chose en cadeau , puis je vous demander la pierre précieuse dans votre bouche ?

Le roi dragon baissa la tête et réfléchit pendant un instant. Puis il ôta la pierre de sa bouche et il la donna à Hailibu.

Sur le départ, la fille du dragon répéta à Hailibu:

- Respectable chasseur, s’il vous plait souvenez vous de ne pas dire à quiconque ce que les animaux disent. Autrement, vous vous transformerez immédiatement en une pierre.

Ayant la pierre précieuse dans sa bouche, Hailibu aimait encore plus chasser dans les bois.
Il pouvait comprendre les langages de toutes les bêtes et tous les oiseaux et il savait quel animal chasser dans chaque endroit de la montagne. Il fut capable de chasser plus de viande et de donner davantage aux villageois.

Plusieurs années passèrent rapidement.
Un jour, dans la montagne, il entendit un groupe d’oiseaux parler de quelque chose avec urgence. Il écouta attentivement. L’oiseau de tête disait:
- Nous devons partir ailleurs rapidement. Ce soir, la montagne va s'effondrer et l’inondation va submerger toutes les terres. Beaucoup de gens pourraient mourir.

Hailibu fut choqué d’entendre ça. Il se précipita chez lui et il révéla ces paroles aux villageois :

- Nous devons partir ailleurs immédiatement ; nous ne pouvons plus rester ici !

Tous furent surpris et lui dirent:
- Nous vivons bien ici ; pourquoi partir ?

Hailibu continuait de répéter ces paroles, mais personne n’écoutait. En pleurs, il suppliait :
- S’il vous plait écoutez moi. Je peux jurer que ce que je dis est vrai. Croyez moi, nous devons partir maintenant ; autrement il sera trop tard.

Un vieillard essaya de calmer Hailibu:
- Tu es un homme bon et tu n’as jamais menti. Nous avons vécu ici pendant des générations mais maintenant tu nous demandes de partir. Tu dois nous dire pourquoi car partir n’est pas une chose facile.

Hailibu ne vit aucun autre moyen de sauver les villageois. Il devint soudain très calme.

Devenant sérieux, il dit aux villageois :
- Ce soir, la montagne va s’écrouler et une grande inondation va submerger cette terre. Vous voyez, les oiseaux s’en vont.

Alors il raconta comment il avait obtenu la pierre précieuse, qu' il était capable de comprendre toutes les bêtes et les animaux mais qu'il devait garder secret ce qu’il avait entendu de crainte qu’il se transforme en une pierre et finalement que les oiseaux parlaient entre eux de fuir un désastre imminent.
Alors qu’il racontait son histoire, le bas de son corps, depuis les pieds, commença à se transformer en pierre. Quand il eut fini de raconter toute l’histoire, son corps tout entier était devenu pierre.

Les villageois furent choqués et en pleurs. Regrettant de ne pas avoir écouté Hailibu plut tôt. Emportant l’essentiel et leurs troupeaux de bétail, avec leurs vieillards et leurs enfants, ils marchèrent vers un pays éloigné. Ils continuèrent à marcher la nuit, lorsque soudainement des nuages épais recouvrirent le ciel et le vent commença à hurler. Bientôt
la pluie tomba comme jamais tombé auparavant. Dans la direction de leur village, ils entendirent un grondement de tonnerre venant de l’effondrement de la montagne.

On dit que les descendant de ce village se souviennent encore d' Hailibu le chasseur au grand coeur et parle de rechercher cette pierre.
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Message 04 Août 2007, 15:01

Contes et Légendes Mongols

La Légende de Vieux-Tanné-Têtu


Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (Il était une fois, il y a des âges de cela), un vieillard qu'on appelait Vieux-Tanné-Têtu, qui avait dix mille moutons bruns. Vieux-Tanné-Têtu avait aussi deux chevaux gris, l'un qui volait, l'autre qui ne volait pas, et un oiseau.

Toute sa vie, Vieux-Tanné-Têtu avait souhaité que lui naisse un agneau noir, tout comme au khan, que lui naisse un agneau brun, tout comme au khoutouktou .

Un jour, alors qu'une de ses brebis avait enfin donné naissance à un agneau noir, les deux corneilles noires du khan arrivèrent, crevèrent les deux yeux de l'agneau, puis s'envolèrent.

Vieux-Tanné-Têtu partit à la poursuite des corneilles noires avec le cheval gris qui volait et, les ayant rattrapés, leur creva aussi les yeux. A son retour, il dit à son oiseau :

- Va chez le khan écouter les conversations et reviens me les raconter !

L'oiseau vola jusqu'à la yourte du khan et, s'étant posé sur la couronne du toit, il entendit le khan déclarer qu'il ferait manger le cheval gris qui volait de Vieux-Tanné-Têtu par deux loups.

L'oiseau rapporta ces paroles au vieillard. Celui-ci attacha le cheval gris qui volait à la porte, et le cheval gris qui ne volait pas derrière la yourte. Les deux loups du khan arrivèrent et mangèrent le cheval gris qui ne volait pas.
Alors le vieillard poursuivit les deux loups avec le cheval gris qui volait et les tua en leur tranchant la gueule.

Rentré chez lui, il envoya son même oiseau chez le khan. Comme la première fois, l'oiseau se posa sur la couronne du toit de la yourte et, prêtant l'oreille, il entendit le khan dire qu'il ferait empoisonner Vieux-Tanné-Têtu par ses démons.

L'oiseau alla le répéter au vieillard. Ce dernier se mit à faire bouillir le crottin du cheval gris qui ne volait pas.
A ce moment-là, les deux démons arrivèrent et, faisant un trou dans sa petite yourte, ils l'épièrent. Vieux-Tanné-Têtu lança alors du crottin brûlant vers eux, et les deux démons périrent brûlés.

Quand à nouveau le vieillard envoya son oiseau chez le khan, l'oiseau entendit celui-ci raconter qu'il ferait foudroyer Vieux-Tanné-Têtu par ses deux dragons.
L'oiseau rapporta ces paroles au vieillard. A cette nouvelle, Vieux-Tanné-Têtu emmena ses moutons sur la Colline-brune-du-rendez-vous, puis rentra chez lui. Les deux dragons foudroyèrent la Colline-brune-du-rendez-vous tant et si bien qu'il n'en resta que des charbons, et s'en retournèrent. Vieux-Tanné-Têtu les pourchassa alors avec le cheval gris qui volait, leur coupa net la queue et les laissa repartir.

De retour chez le khan, les dragons déclarèrent :

- Il nous a coupé net la queue. Comment vivre sans notre queue ?.

Le khan, se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire à présent, se rendit en personne chez Vieux-Tanné-Têtu.

- Pourquoi as-tu crevé les yeux de mes deux corneilles ? demanda-t-il.

- Toute ma vie j'ai souhaité voir naître un agneau noir, tout comme en a le khan, et un agneau brun, tout comme en a le khoutouktou. Mais quand un agneau noir est né, deux corneilles sont venues qui lui ont crevé les yeux. Alors je leur ai aussi crevé les yeux, expliqua le vieillard.

- Tu as eu raison. Mais pourquoi as-tu tranché la gueule aux deux loups ?

- Ne leur aviez-vous pas dit de manger le cheval gris qui vole, et non cheval gris qui ne vole pas ?

- Dans ce cas, tu pouvais leur trancher la gueule. Mais pourquoi donc as-tu tué mes deux démons ?

- En envoyant les deux démons, leur aviez-vous dit de trouer ma yourte ? Ou bien leur aviez-vous dit d'en finir avec moi ?

- C'est bon, tu as eu raison de tuer les deux démons. Mais alors pourquoi avoir cassé net la queue des deux dragons ? demanda encore le khan.

- Leur aviez-vous dit de foudroyer la Colline-brune-du-rendez-vous ? Ou bien de foudroyer Vieux-Tanné-Têtu ?

- Tu as eu raison de casser net leur queue, répondit le khan, et par peur du vieillard, il partit très loin sans même repasser par chez lui.

C'est ainsi que, grâce à ses paroles et à son intelligence, Vieux-Tanné-Têtu effraya le khan et vécut heureux.



source : http://www.anda-mongolie.com/propos/index.htm
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Message 17 Déc 2007, 16:33

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La Légende du Poulain Céleste


Le 21 mars du calendrier lunaire s'est déroulé, au mausolée de Gengis Khan, le rituel de commémoration de Zagansuld, le poulain céleste.
On vénère alors un cheval blanc, considéré par les Mongols comme un poulain céleste.
D'après une légende mongole, ce cheval est l'incarnation du coursier céleste Sarl. Il n'était pas le cheval de Gengis Khan mais fut considéré par lui comme une idole. Sa migration sur les steppes a duré plusieurs générations et dure encore.
Jadis, lorsque les membres de l'ethnie mongole vénéraient le ciel, ils prenaient un cheval blanc comme incarnation du poulain céleste. Il symbolise le respect que les habitants mongols doivent à la nature.
Le culte du ciel est une part importante de la pensée philosophique de Gengis Khan.

On raconte que pour rendre hommage au ciel, Gengis Khan versait au bord de la rivière Herlun le lait de 99 juments. C'est l'origine du rituel de commémoration de Zagansuld, le cheval blanc.
Tous ceux qui prenaient part à la cérémonie devaient répandre du lait de jument sur les herbes Jijicao (achnaterum splendeus), elles-mêmes considérées comme l'incarnation du Ciel.

Un Darhuut versait ensuite le lait destiné au Ciel dans une coupe en or et la passsait à un membre de la Horde d'or. Ce dernier devait alors mettre la coupe sur le dos du poulain céleste. Le Darhuut faisait courir le poulain célestre de droite à gauche, la coupe finissait par tomber à terre. C'est de cet endroit que l'on prédirait l'avenir.
On devait répéter cette même scène trois fois. Ayant accompli sa mission annuelle, le poulain céleste était libéré.

Dans ses notes de voyage, Marco Polo dit avoir rencontré sur les steppes un troupeau de mille chevaux. C'est peut-être en son sein que l'on choisissait le poulain céleste. Les hommes se montraient très exigeants dans leur sélection de tel ou tel cheval. Il ne pouvait être malade, devait avoir le poil blanc, les quatre pattes et les yeux noirs.

La naissance de chaque poulain céleste est accompagnée d'une histoire plus au moins légendaire.
Selon la coutume, quand on conduit un poulain céleste, on doit marcher tout droit sans jamais faire de détour.
Chacun sait que c'est à cheval que Gengis Khan avait conquis le pouvoir. Les chevaux avaient beaucoup contribué à la fondation de l'empire mongol.
Jadis, le poulain céleste était libre de se promener sur les steppes et personne ne pouvait intervenir.
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Message 16 Mars 2008, 17:01

Contes et Légendes Mongols

La Légende de Khori Thumed


Pendant une partie de chasse, Khori Thumed se rapproche des rives du lac Baïkal bordé de bosquets de bouleaux.

Sur une île de l’Olkhon, Khori Thumed voit neuf cygnes arriver du nord-est.

Les cygnes se posent majestueusement sur le lac, enlèvent leur robe de plumes et se muent en neuf belles jeunes filles qui se baignent nues dans le lac.

Khori Thumed dérobe en silence l'une des robes laissées sur la berge. Lorsque les jeunes filles veulent reprendre leur apparence de cygne de sorte , seules huit retrouvent leur robe et reprennent les airs.

Khori Thumed épouse la jeune fille qui reste. Elle lui donne onze fils.
Les deux époux sont très heureux ensemble mais Khori Thumed, prudent, ne veut pas monter à sa femme où il a dissimulé sa parure de cygne.

Un jour, elle insiste une fois de plus:

- S'il te plaît, laisse-moi passer mon ancienne robe. Si j'essaye de franchir la porte avec, tu n'aura aucun mal à m'attraper, je ne risque pas de m'échapper.

Il se laisse convaincre. Elle l'enfile mais, plutôt que de s’enfuir par la porte, elle s'envole soudain par l'ouverture centrale de leur yourte.

Khori Thumed a juste le temps de lui saisir les chevilles et la convainc de rester au moins assez longtemps pour donner un nom à leurs fils avant de partir. Alors les onze enfants deviennent des hommes.

Khori Thumed décide alors de respecter sa parole et laisse sa femme-cygne repartir.

elle revêt sa robe, prend son envol, tourne autour de la yourte en bénissant leur clan et d’un grand coup d’aile; disparaît vers le nord-est.
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