
Maître des lieux
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Yasaq et Administration mongole
Temudjin a 50 ans lorsqu’il a enfin réussi à réunir autour de lui toutes les tribus mongoles.
Mais pour que Temudjin devienne Gengis Khan, il doit maintenant asseoir son pouvoir sur quelque chose de plus grand que simplement être le khan des Mongols. Il doit organiser et administrer son khanat. Et qui dit ‘administrer’ dit ‘administration’. Or, à ce niveau, il lui reste encore beaucoup de chose à faire et surtout, à apprendre.
Or, au contact des Naïman et surtout des Ouïghour, Gengis Khan fait la connaissance d’un haut fonctionnaire ouïghour du nom de T’a-ta T’ong-a. Ce fonctionnaire avait la charge du ‘sceau royal ‘ qui marquait et garantissait les édits du monarque.
Gengis Khan comprend l’importance de cette objet, il engage le fonctionnaire à son service. De plus les Ouïghour ont une écriture. Gengis Khan voit toute l’utilité de savoir écrire et de savoir lire.
Il charge le fonctionnaire d’enseigner cette science à ses fils et de recruter d’autres fonctionnaires parmi ses compatriotes. Ceux-ci constitueront l’embryon de son administration.
Maintenant qu’il a ce nouveau service à sa disposition, Gengis Khan passe à une étape suivante. Il décide de créer un code de lois connu et reconnu par tous, le Yasaq (ensemble de décrets impériaux).
Il ne part pas de rien et s’inspire largement de ce qui existe déjà : un droit coutumier transmit par tradition orale et qui existe depuis des millénaires chez les Peuples Cavaliers’, le Yosun.
Ce droit coutumier était fortement influencé par des règles à la fois d’ordre pratique et d’ordre magico-religieux.
Gengis Khan va mettre par écrit et étendre ce droit pour en faire un code régissant l’ensemble de la vie des Mongols.
Il va y introduire une grande innovation, celle de la suppression du système clanique et de l’indépendance de ceux-ci. Cette innovation capital sous entend déjà qu’il ne peut y avoir qu’un seul chef, qu’un seul roi.
Le Yasaq va s'intéresser aux règles de la vie privée, familiale et sociale, en temps de paix comme en tant de guerre. Il concerne le sacré et le profane, la justice et la morale. Ce sont des
règles qui concernent l’État : la chasse comme entraînement à la guerre, l’organisation de l’armée, le réseau postal pour les communications officielles (yam), la levée des impôts dans
les territoires conquis.
Touchant à tout et réglementant tout, il devient la référence officielle. Mais il ne remplace pas le "Yosun", il le complète.
De plus, si les "Droits Coutumiers" pouvaient être différents selon les Tribus et les Peuples, le "Yasaq" sera d'application dans tout l'empire et pour tout le monde.
Gengis-khan établi une loi pour chaque occasion, une règle pour chaque circonstance, une peine légale pour chaque crime. ces décret étaient enregistrés sur des rouleaux qu’on appelait "yasa-nama-yi buzurg" (Grand Livre du yasaq). »
Nous trouvons aussi des règlements militaires (organisationnel et hiérarchique) ou encore un ensemble de règles et de sanctions vis à vis des soldats (la peine de mort pour une sentinelle qui s’endort à son poste, par exemple).
Une notion importante également contenue dans le Yasaq est le respect totale de l’obéissance aux chefs militaires et à leurs ordres, une notion indispensable pour avoir une armée efficace et ordonnée.
Mais aussi, des règles concernant les échanges diplomatiques ou les règles de justice et les rapports entre les différentes tribus.
Lorsqu'il en parle, le franciscain Jean de Plan Carpin sépare bien les deux éléments. Il parle des lois et des ordonnances promulguées par Gengis-khan (Yasaq), qu’il distingue des coutumes et des pratiques ancestrales et traditionnelles des Mongols (Yosun).
Si c'est Gengis khan qui est le premier instigateur du "Yasaq", les Khans successifs vont également l'alimenter par de nouveaux décrets.
Considéré à l’égal d’un livre sacré, le Yasaq restera en vigueur bien longtemps après son créateur. Ainsi, même lorsque la Charria des Musulmans viendra lui faire concurrence, il sera encore l’ultime référence. Nous retrouverons encore l’influence de ses règles en vigueur dans l’organisation de la ‘Horde d’Or’.
Le Yasaq n’a pas été conservé et ses lois ne sont pas parvenue jusqu'à nous. Mais une partie d'entre elles nous sont connue par les écrits de chroniqueurs arabes et persans.
Par contre, une grande partie des ‘interdits’ et des ‘tabous’ qui régissaient la vie quotidienne des Mongols (le Yosun) est encore connue de nos jours. Un article est consacré à ceux-ci dans ce post .