Message 05 Fév 2010, 12:44

Peuples, Tribus, Clans, des notions à préciser

Peuples, Tribus, Clans, des notions à préciser

Les notions de ‘Peuple’, ‘Tribu’, ‘Clan’ pour les “Peuples Cavaliers” d’Asie centrale de l’antiquité et du Moyen Age sont des notions qui reste flouent et demande un avertissement nécessaire.

Vous pourrez en juger par vous même, cette problématique est présente et abordée dans d’autres sujets mais je crois utile de présenter cet article dans cette rubrique de présentation générale.

Qu’est-ce qu’un “Peuple”, une “Tribu” ou un “Clan” et que désigne ce vocable ?

Par facilité, nous pourrions présenter les choses de cette manière et dire qu’un “Peuple” est constitué de plusieurs “Tribus” elles-mêmes constituées de plusieurs “Clans”.

Hors, le “Clan” est un ensemble de familles associées par une parenté (réelle ou fictive) et fondée sur l'idée de descendance d'un ancêtre commun (réel ou mythique).
Tous les membres du clan se reconnaissent par cette origine et lorsque cet ancêtre est représenté mythiquement ou symboliquement par un animal, on parle alors de totémisme (un totémisme fort présent chez les “Peuples Cavaliers”d'Asie centrale).

Les clans possèdent une personnalité juridique, un patrimoine et des institutions socio-politiques. cela varient d'une civilisation à l'autre, mais elles obéissent à des règles précises: chef, conseils, assemblées, fêtes, coutumes, symboles, sanctions, etc.

L'appartenance à un clan se traduit par des droits et des obligations de solidarité envers les autres membres du groupe, en particulier l'assistance et la vengeance.

Comme dit plus haut, le “Clan” peut être considéré comme un sous-groupe d'une “Tribu”, qui elle-même est un sous-groupe d'un “Peuple”.

Cette vision, même si elle est relativement correct, ne règle pas tous les problèmes. En effet, la difficulté alors reste de déterminer si tel groupe ou tel autre se classifie en tant que “Peuple”, “Tribu” ou même “Clan”

En effet, chez les “Peuples Cavaliers” d’Asie centrale, un “Peuple” pouvait être une ‘confédération’ de plusieurs peuples (ou de plusieurs tribus).
Une “tribu” devenue particulièrement puissante pouvait accéder au statut de “Peuple”.
Un “Clan” prenant le pouvoir, à l’intérieur de la “Tribu” finissait par incarner la “Tribu” elle-même et prendre le statut de celle-ci.
Ou encore, un "Clan" en désaccord avec sa "Tribu" pouvait faire sécession et voler de ses propres ailes ou intégrer une autre "Tribu".

Il existe plusieurs raisons qui expliquent cet état de chose :

A) Nous le verrons souvent, l’extrême facilité qu’ont, ces ‘peuples’, profondément nomade dans l’âme, à s’unir et à se désunir selon les circonstances ne facilite pas la tache des spécialistes pour déterminer “qui est qui”, d’où viennent t-ils et que deviennent-il par après

Ainsi, une confédération de peuples (ou de tribus) différents mais unis par une même culture (ou par des cultures différentes) peuvent, à un moment précis de leur histoire, former un ‘nouveau peuple” désigné par un ‘nouveau terme’ et passer, grâce à lui, à la postérité.

Le meilleur exemple est celui du “Peuple Huns”. Leurs origines restent obscures, même si l’on suppose qu’il viennent d’Asie orientale et que leurs ancêtres se trouve en partie chez les Xiongnu. Du temps d’Attila, les Huns rassemblent autour d’eux, une immense confédération de tribus germaniques (Ostrogoths, Gépides, Hérules, Skires, Ruges, Pannoniens) et asiatiques (Proto-Magyars, Avars). Suite à la mort d’Attila, la confédération éclate et les “peuples nomades” en faisant partie se disloquent et s’éparpillent dans les steppes en disparaissant l’histoire.

B) Une autre caractéristique de ses “Peuples Cavaliers” est l’extrême facilité d’un groupe de se séparer de la “Branche Mère” pour suivre leur propre destinée et de ce fait acquérir un “nouveau nom”.

Plusieurs exemples viennent illustrer mon propos.

Ainsi, vers 1616 ap J-C, des Mongols Oïrats décident d’immigrer vers l’Ouest et s'installent en Russie (delta de la Volga). En 1771, une partie d’entre eux décident de retourner en Asie orientale. ceux qui reste prennent alors le nom de Kalmouck (de Kalmyks (littéralement "ceux qui sont restés"). A noter également qu’Oïrat,
au départ, veut dire, les “Quatre Alliées” et sont une confédération de 4 ‘tribus’ (Les Tchoros (ou Olot), les Torghut, les Turbet ( ou Dörbet) et les Khoshot).

Les Ouzbeks sont des Mongols Chaïbanides (dynastie mongole descendant de Chaïban, fils de Djötchi et petit fils de Gengis Khan). Ils prennent le nom d’Ouzbek, lorsqu'en 1429, le khan Abû-l-Khayr réussit à réunir les différents clans.

Et les Kazakh sont des Ouzbeks qui refusant de soutenir Abu'l Khayr dans une opération contre la Chine font sécession et prennent la fuite. Ils vont errer dans les steppes qui portent maintenant leur nom, le Kazakhstan ( le mot "kazakh" signifie "homme libre", "vagabond", "exilé").

C) D’autres encore prennent le nom d’un de leur dirigeant.

Ainsi, les Nogaïs qui doivent leur nom à un personnage important parmi les Mongols de Russie à la fin du XIIIème siècle. La “Horde nogaï” étant composée au départ de Kiptchaq et de Mongols de la ‘Horde d’Or’ (c’est à dire, déjà un mélange de nombreux groupes ethniques).




D) Le plus souvent décrit par les peuples qui les ont combattus (Grecs pour les Scythes, Chinois pour les “peuples d’Asie orientale’, Byzantins pour les Bulgares ou les Pètchenègues, Russes pour les Mongols) certains groupes appartenant au même ‘peuple’ portaient des noms différents selon les personnes qui les nommaient.

Le meilleurs exemple est celui des Kiptchaq, appelé Polovtses par les Ruthènes, Coumans par les Latins et Kun par les Hongrois.

De plus, ces Grecs, Chinois ou Russes, ignorant les subtilités des divisions tribales et claniques englobaient bien souvent sous le même terme, des “groupes” forts différents.

Le meilleur exemple est le terme de “Tatar” qui est passé à la postérité et qui pour les Russes représentait tous les “Peuples Cavaliers” d’Asie centrale occupant leur territoire.

Ainsi, et même si de nombreuses recherches affinent toujours et encore nos données sur ces “Peuples Cavaliers”, il est prudent de garder à l’esprit cette problématique liées aux désignations des “Peuples” et “Tribus” diverses et d’y faire attention dans chacun des articles qui vous présentent ceux-ci.


Article annexe :

- Le système clanique chez les Mongols
Che Khan, votre humble serviteur
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